La 4ème de couverture nous annonce « une histoire où se mêlent action, terrorisme écologique, érotisme, manipulation de l'information et amour... A lire d'une traite. »
Ce livre nous narre l'histoire de Simon Brisbebois, journaliste chez Polar Police, journal à sensations, sur fonds de fais divers. Simon se lance sur les traces de l'O.R.I.G.N.A.L. (Organisation Révolutionnaire d'Intervention Guerrière de Nuisance Anti-capitalistique Libertaire), un groupe d'écolo-terroristes qui fait exploser des V.U.S. (Véhicules Utilitaires Sportifs) afin d'éveiller la conscience écologique de notre société occidentale.
L'ambiance esquissée me fait penser à DOA, ou à Maurice G. DANTEC, époque Babylon Babies ; pêle-mêle : terrorisme, musique, écologie, secte et Québec ! Mais le rapprochement s'arrête là.
Je reviens sur le terme V.U.S., ce sont des véhicules type Porche Cayenne, Hummer, bref des gros 4x4 de luxe pour ceux de nos contemporains qui aiment consommer goulûment l'essence, engoués dans leur superficialité et leur prosélytisme consumériste ! Le mot V.U.S. est utilisé au Québec, où se déroule l'histoire, et patrie de l'auteur. Les « maudits français » auront de temps à autre besoin d'un petit dico de la langue française sauce québécoise pour comprendre certains mots ou expressions, mais avec un peu de « pot », l'inspiration sera là...
Trêve de digression.
Le style de Sylvain HOUDE est résolument contemporain, avec des ruptures de style : écriture dans l'urgence, forme théâtrale, médiatique (le jour, l'heure), des pauses narratives. Ces dernières font du bien dans ce roman où l'enquête journalistique part dans tous les sens...
Une seule chose est constante : le sexe. Je sais que nos amis québécois sont plus débridés que les français. Néanmoins, le cul apparaît ici comme le principal moteur des différents protagonistes. L'érotisme, très « trash », engendre des scènes véritablement truculentes, mais finit par desservir le livre, et pourrait choquer (certains passages sont glauques).
Certains personnages sont attachants, Simon et ses potes notamment : ils nous renvoient à nos amis d'enfance, avec lesquels le temps est suspendu, génération adulescente...et un brun « défoncée » !
Simon est un journaliste à la fois peu scrupuleux et engagé, témoin de cette mouvance écolo-terroriste, acteur d'une fumisterie médiatique, manipulé et manipulateur, complice « assoiffé d'informations plutôt que de vérité ».
L'auteur n'en est pas à quelques invraisemblances près : des parties de sexe salaces improbables (mention spéciale à la mer de Régis, le « jeune » ami de Simon, et à l'aubergiste), l'affaire qui remonte jusqu'à la maison blanche... Quoi que... Les éco-guerriers sont considérés aux Etats-Unis comme la deuxième menace terroriste, juste derrière Al-Quaïda, à voir la répression dont sont victimes les écolo-activistes.
Trêve de digression j'ai dit !
Sylvain HOUDE est parfois bien inspiré : situation réellement comique, cynisme social percutant, questionnements sur le terrorisme, la mondialisation bien sentis. Un protagoniste du roman nous annonce que « le XXIème siècle ne sera pas spirituel mais virtuel » ; la révolution de Jasmin semble lui donner raison...

Et l'O.R.I.G.N.A.L. me direz-vous ? Et bien cette bête là s'avère décevante : des néo-beatniks, épris de chamanisme, s'adonnant à des rituels primitifs, fleuretant avec la criminalité, en quête, eux aussi, de reconnaissance, et finalement plus proche d'une secte que d'activistes de l'écologie !
En fait, tout était là, mais on se perd ; trop de thèmes, juste effleurés : dérives de la société de consommation, média-contrôle, multinationales surpuissantes, laxisme des gouvernements, connivence des consommateurs... Certes, ce n'est pas un essai politique, mais un polar. Le problème, c'est que je ne me retrouve ni dans l'un, ni dans l'autre ; même cette critique s'est égarée !
Et finalement, le livre s'achève en queue...d'orignal !
« Un roman à lire d'une traite » nous annonce t'on. Soit ! En mode « redescente » alors, après une soirée au mythique club les « Foufounes Electriques » ; Sylvain HOUDE, ancien DJ du lieu, s'y montrait plus convaincant.
madamedub
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le 8 mai 2011

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