Dans tous les sens
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Contre-culture est un recueil de chroniques publiée par Jean Rouzaud dans Nova, parfois en fonction de l’activité culturelle et éditoriale du moment : quatre cents pages de notices, classées par ordre alphabétique, sur des peintres, des écrivains, des musiciens, des « courants », etc. Si j’en avais eu le courage, j’aurais dressé la liste des livres, catalogues et disques recensés.
L’ensemble est un peu répétitif : il faut le lire par tranche de deux ou trois articles pour en profiter. Cela n’empêche pas de distinguer certaines récurrences, comme le goût de Jean Rouzaud pour le punk et la musique caribéenne. D’autre part, l’ouvrage, se gardant en général de snober la culture « dominante », n’a rien d’un bréviaire contre-cultureux. Du reste, aucun émerveillement devant cette pop culture actuelle qui considère les productions Disney ou les dessins animés des années 1980 comme d’une richesse équivalente au cinéma de Bergman ou aux constructions intellectuelles des situationnistes…
On partage ou non les goûts et les analyses de Jean Rouzaud, manifestement passionné. Par exemple, j’aime bien l’idée que « ce culte de la beauté physique et de l’élégance morale [le dandysme], comme toute religion, ne marche que pour ceux qui y croient » (p. 133). Et j’apprécie l’approche démystificatrice qui guide l’auteur quand il évoque des sixties pas si swinging ou rappelle à propos de Warhol que « le système des peintures en séries, grâce aux photos et sérigraphies, va rapporter gros mais aussi faire perdre toute qualité ou rareté à l’œuvre » (p. 483). Mais j’ai du mal à cerner ce que peut être « la sobriété sans concession de Burroughs » (p. 37)…
De toute façon, Jean Rouzaud n’impose rien – et digresse volontiers : « À vous de voir si le sabordage va plus loin que la réussite, et si le détachement matériel allant jusqu’à l’oubli de soi est plus noble et chic que le succès » (p. 30), écrit-il à propos de Syd Barrett.
Du reste, comme le livre est assez beau sans être fragile ou précieux, il est parfait pour être lu aux cabinets.
Créée
le 1 févr. 2019
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