Couché
6.8
Couché

livre de David Whitehouse (2011)

La paresse radicale comme mode de vie, vingt-cinq ans à rester au lit pour échapper à ça : « Grimper. Escalader l’échelle sociale. Cocher les bonnes cases. Neuf heures-cinq heures. Une petite bière le vendredi au déjeuner. Fiche de paie, budget. Les factures d’abord, la rigolade plus tard. Mourir aujourd’hui, payer demain. Rentrer chez soi, vidé, décider quoi manger la semaine prochaine, aller se coucher. Attendre le week-end, magasin de bricolage, ménage, angoisse, sonnerie stridente du réveil le lundi matin. Grandes surfaces, Caddie plein. Mettre de côté. » (chap. 38, p. 136). C’est le frère cadet de Malcolm qui raconte, en alternant présent et souvenirs.
Entre le roman-monstre digressif de cinq ou six cents pages et la nouvelle de cent, Whitehouse a choisi l’entre-deux. Or, trois cents pages, c’est ici trop ou trop peu. Trop, car l’intrigue n’en demandait pas tant, et les quelques incartades — quand le narrateur parle de lui, quand intervient Norma Bee — prennent l’air de détours inaboutis qui gonflent un peu artificiellement le roman. Trop peu, car en étoffant son récit, l’auteur aurait pu multiplier les points de vue, approfondir encore les figures du narrateur ou de Lou, digresser jusqu’à faire de l’obésité un élément structurel de Couché plutôt qu’un thème, faire de Mal un personnage digne de quelques grand marginaux de la littérature — comme l’Oblomov de Gontcharov, dont il partage l’oisiveté, ou Ignatius Reilly (la Conjuration des imbéciles de Toole), qui comme lui voue à l’humanité un dédain quasi général.
Restent des passages — l’enfance de Mal, les descriptions quasi-cliniques de son corps ravagé, la visite d’un animateur de télévisions — qui valent la lecture.

Alcofribas
6
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le 7 févr. 2016

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