Depuis des années, la Chine se développe et constitue un réseau de bases navales dans les pays voisins afin de garantir la sécurité de ses voies d’approvisionnement en matières premières. Elle s’efforce de tisser un réseau d’alliances commerciales et maritimes autour de l’Inde, sa rivale, en créant « un collier de perles » en mer Rouge, comme le disent les Américains. En échange de l’installation des bases navales, la Chine établit des contrats commerciaux, goudronne des routes, construit des hôpitaux, renouvelle les infrastructures...


Paul Deville travaille pour une compagnie chinoise, la Shangaï Petroleum, Chemical and Mineral Corporation. Trader en matières premières, il participe à l’élaboration de ces bases. Ce diplômé en économies est aussi un rêveur et un poète. A Djibouti, il recherche les écrits jamais écrits d’Arthur Rimbaud. Aidé de Harg, un ami qu’il paie pour cela, il fouille un bateau vapeur, Le Pingouin, qui aurait appartenu à John T. Rountree, le dernier amant de Rimbaud. Il sait que tout cela est faux, issu de son imagination, mais il persiste à croire que le marchand d’armes n’a jamais tué le poète.


A Mascate, il a rencontre Mariam, une jeune pêcheuse somalienne. Elle l’attend de mois en mois, amoureuse, et espère partir avec lui. Mais la différence d’âge le tient à l’écart de cette gamine solitaire, intuitive qui l’émeut pourtant. Lui qui tente de se forger un destin et une identité, il admire cette jeune fille de quatorze ans qui sait qui elle est et ce qu’elle veut. Il lui offrira un collier de perles. Tout un symbole.


Paul voudrait créer un nouvel ordre mondial, un nouveau système économique soucieux de l’écologie, de l’humain, dans toutes ses dimensions. Il y a longtemps travaillé après la remise de sa thèse. Il avait jugé que les ressources étaient à chercher du côté des biens immatériels et des forces créatrices, des livres et des poèmes jamais écrits. Mais malgré une certaine reconnaissance, il avait vite compris que face à la course au profit, il demeurerait impuissant. Aussi a-t-il décidé de participer au système actuel de l’intérieur pour en précipiter la chute.


Cette fable moderne nous plonge dans un contexte poétique et romanesque malgré la noirceur du décor, les mensonges et les tromperies. Comme ce contrat signé afin d’exploiter le sel du lac Assal à Djibouti alors que c’est le lithium qu’il contient qui intéresse la compagnie. Du lithium acheté au prix du sel !


Porté par une langue brute et poétique, ce roman met en scène un idéaliste. Conscient de sa propre finitude et de son humble condition, il ira au bout de son absolu pour contrer les ravages de la mondialisation.
De sa plume vive, l’auteure secoue nos certitudes. L’Occident admire l’ascension économique et sociale de la Chine. Une ascension fulgurante mais à quel prix ?


Heureusement, la poésie sauvera les hommes d’être des hommes.


Un récit étonnant et fort, mon premier coup de cœur de la rentrée.

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le 14 oct. 2015

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