Bien que j'aie pu apprécier par le passé plusieurs romans d'Anthony Trollope, j'avoue que "Le cousin Henry" m'a moins convaincue. Non pas que le roman ne soit pas parfaitement structuré selon l'un des schémas classiques du XIXème siècle mais plutôt parce que j'ai trouvé la narration répétitive. Or je suis vite agacée lorsqu'un auteur répète la même chose trois pages plus loin avec des mots légèrement différents, ça sent le feuilleton dans lequel il était nécessaire de rappeler les points marquants du chapitre précédent.
Indefer Jones est un vieillard conservateur un peu toqué qui a recueilli sa nièce Isabel pour être son bâton de vieillesse, faute d'avoir eu lui-même une descendance. De là vient d'ailleurs tout son dilemme. En tant qu'esquire et membre de la gentry anglaise, son domaine doit passer à sa mort à un fils aîné ou, à défaut, entre les mains de l'hériter mâle le plus proche. Ici, il s'agit de Henry Jones, le cousin d'Isabel. Ce jeune homme à la vie plutôt dissolue n'est qu'un choix par défaut, ce qui ronge le vieil Indefer qui affectionne sa nièce accomplie plus qu tout. Il projette un temps de les unir mais devant la résistance de la jeune fille, il renonce à ce projet matrimonial tout en continuant à se mettre la rate au court-bouillon, n'occupant son temps qu'à faire et refaire divers testaments, tantôt en faveur de l'un, tantôt en faveur de l'autre. La rate cuite à point, il casse sa pipe, laissant ses héritiers face à plusieurs documents plus ou moins reconnus ou cachés.
"Cousin Henry" est un roman entièrement centré sur la quête du vrai testament et des maladresses et magouilles du cousin Henry Jones qui cherche à tirer son épingle du jeu sans avoir les épaules et le cran d'un conspirateur. L'écriture est belle, rien à dire là-dessus, mais le récit, quoiqu'assez bref, traîne trop en longueur pour moi, l'auteur mettant un point d'honneur à décortiquer avec minutie et une subtilité certaine la psychologie de son protagoniste et les moindres pensées qui régissent ses moindres actes. Enfin, je reproche à Anthony Trollope d'avoir consacré beaucoup de place à Isabel en première partie de récit pour la délaisser presque totalement dans la seconde.