Je connais Robert Crais depuis une grosse décennie et j'ai d'abord lu les premiers Elvis Cole en VO avant qu'ils ne soient traduits, dans le désordre, comme c'est souvent le cas avec les auteurs étrangers que nous découvrons tardivement.
Les romans de la série Elvis Cole jouent sur le contraste entre deux amis, le détective privé Elvis Cole qui est un peu le marrant dragueur à la Tom Selleck dans Magnum. Humour, second degré, beau mec, sportif etc...et son meilleur ami, Joe Pike, un type mutique, ancien delta force...bref, une machine de guerre avec un charme particulier, mais un charme tout de même. Pas juste un gros bras.
Dans les premiers romans, c'est Elvis Cole le héros et Pike intervient un petit peu. Mais au fur et à mesure que la série se développe, et notamment à partir de LA Requiem, le personnage de Pike prend de plus en plus de place et il vient presque voler la vedette à Elvis Cole dans certains opus (comme Mortelle Protection). C'est un peu la même chose que le personnage de John Clark dans les livres de Tom Clancy. Au début c'est un personnage secondaire et finalement il prend de plus en plus de place dans les récits. C'est d'ailleurs un peu le même genre de personnage.
Dans Coyotes justement, Elvis Cole se fait rapidement mettre hors jeu et c'est alors Joe Pike qui mène la danse avec des méthodes parfois expéditives et souvent borderline.
Le script est monté comme un scénario de film d'action avec des allers - retours entre différentes temporalités, des passages d'un personnage à l'autre : la victime, le bourreau, Elvis Cole, Joe Pike, la maman de la victime...tout cela dans des chapitres très courts pour ne pas laisser retomber la pression.
L'enquête se dévore littéralement mais les dernières pages sentent un peu le bâclé...le dénouement est prévisible, mais tout se passe beaucoup trop rapidement, comme si Robert Crais n'avait pas envie d'assumer une fin un peu trop descriptive. C'est encore une fois très cinématographique avec des images flash, quelques scènes qu'on devine au lieu de les vivre et le choix de privilégier le rythme sur la narration.
Ah oui, l'histoire sordide tourne autour du trafic d'être humains entre le Mexique et les Etats-Unis. Comment les cartels mexicains ont pris en main le trafic et comment des rançonneurs enlèvent les immigrants et font chanter leurs familles en promettant une libération contre une rançon avant de butter les pauvres otages et d'abandonner leur corps dans le désert.
Encore un beau sans faute de la part d'un auteur qui n'a pas écrit beaucoup de mauvais romans et qui offre une bonne alternative à Michael Connelly.