J'ai été complètement charmée par le dernier livre de Christophe Ono-Dit-Biot : Croire au merveilleux, un roman solaire, sensuel, mythologique, magique, mystérieux qui m'a littéralement envoûtée. J'en ai aimé la langue simple, pure et la beauté des descriptions des lieux et des corps.
Le narrateur César a perdu sa femme, Paz , qui s'est noyée dans des circonstances qui resteront assez mystérieuses. Il lui reste son petit garçon. Mais malgré tout l'amour qu'il a pour cet enfant, il ne parvient pas à surmonter sa peine et décide de se suicider. « Aujourd'hui je vais mourir. Je ne suis pas malade. Je ne suis pas ruiné. Je n'arrive plus à vivre, c'est tout. Amputé à ce point, est-ce qu'on peut même employer le mot : vivre? » Avalant un à un les cachets qu'il a préparés, il est soudain interrompu par la sonnette de sa porte d'entrée : titubant vaguement, il se décide à ouvrir et découvre une jeune voisine qu'il n'avait jamais rencontrée. Elle s'appelle Nana, a oublié ses clefs et attend son frère. Elle entre dans l'appartement et découvre la collection de Budé que possède le propriétaire des lieux. Elle semble très érudite pour son âge, au grand étonnement de César et elle lui demande si elle peut lui emprunter La Théogonie d'Hésiode. « Un poème du VIIIe siècle avant Jésus-Christ qui raconte la création du monde et les batailles entre les dieux et les monstres, je doute que cela vous serve dans la France d'aujourd'hui » lui fait remarquer le narrateur mais elle repart comme elle est venue, laissant un César un peu perdu, comme arrêté dans son élan : « ce n'est plus le moment propice, le kaïros, comme disaient les Grecs de l'Antiquité pour qualifier cet espace entre le trop tôt et le trop tard. »
Abîmé dans ses pensées, César se dit qu'il a l'intime conviction d'avoir vu ailleurs cette jeune fille énigmatique… Mais où ?
Alors, commence une aventure qui va mener le narrateur (et nous par la même occasion) de Paris à Marina di Praia sur la côte amalfitaine, au site archéologique de Paestum, puis de la Grèce au Japon, toujours vers la lumière, vers une renaissance par l'art, la littérature antique, le merveilleux des contes et de la mythologie, seuls capables de reconstruire les êtres brisés, de les ramener à la vie.
L'auteur, comme un magicien, fait renaître en nous l'enfant que nous étions, émerveillé par les histoires de dieux et de héros, nous rappelant par là même que c'est précisément cette capacité à s'émerveiller qui fait l'adulte que nous sommes, apte à affronter un monde souvent violent, d'y vivre malgré tout, de s'y construire et d'y être heureux.
Et cette faculté est un bien précieux qu'il faut conserver en soi le plus longtemps possible et surtout transmettre à nos enfants afin qu'ils sachent puiser en eux la capacité de surmonter leurs peines en goûtant la beauté qui les entoure.
Un texte qui donnerait presque des ailes pour voler là où la mer et le ciel se confondent, où l'odeur de la menthe, du romarin et du basilic nous enivre, où ne rien faire et rêver sont les seules activités possibles…
Ça vous dit ? Allez, on y va !


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le 24 juil. 2017

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