Si Cryobun n'était pas aussi bon, le critiquer - au même titre que n'importe quel roman du cycle Vorkosigan - ne me serait pas aisé... Doit-il être jugé en fonction de sa valeur intrinsèque, de sa qualité par rapport aux autres tomes du cycle ou encore avec la ferveur inspirée par la plus grande saga de science-fiction de tous les temps ?
Car en effet, au bout d'une quinzaine de tomes, la sympathie accumulée pour les personnages de la série peut atteindre de tels sommets qu'après huit ans sans une ligne les concernant de la part de leur auteur, la plupart des aficionados auraient été parfaitement satisfaits de lire les aventures de Miles assis sur une chaise dans sa cuisine...

...Mais évidemment, on imagine pas Miles rester assis bien longtemps et ses aventures le guident cette fois sur Kibou-di, une planète d'héritage culturel japonais qui a intégré la cryogénie dans ses mœurs (se congeler en attendant un remède à un maladie incurable ou à la vieillesse). Résultat, des millions de corps en stase s'accumulent dans les crycombes de la planète, gérés par des corporations qui s'assurent par la-même les droits de vote des « non-morts ». Une vision économico-politique de ce thème sous exploité par la science-fiction confère une dimension quasi Jack Baronienne au roman. Mais ce dernier ne manque pas pour autant de l'humour, de l'action et de l'humanité si caractéristique de Bujold, et à nouveau des héros (de toutes les générations cette fois) se croisent, se battent, s'entre-aident et se courtisent dans un ballet maintenant parfaitement maîtrisé par l'auteur.

Un thème intelligent et bien exploité, une aventure haletante, le développement de personnages connus et l'apparition de nouveaux, tout ça aurait suffit à faire de Cyoburn un roman exceptionnel. Mais pour des raisons qu'il est impossible d'évoquer sans en gâcher la lecture, ce dernier tome de la saga se permet d'offrir bien plus encore à ses lecteurs, et atteint au final un sommet de perfection.
Relisez vous (ou découvrez, hérétique !) tous les tomes du cycle avant la sortie de cet ultime tome en France, et que vous le vouliez ou non, une fois la dernière phrase du dernier chapitre du dernier tome de ce cycle achevé, vous aurez avec surprise la sensation d'être entrée au sein d'une nouvelle famille : la famille Vorkosigan.
Norad
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le 10 nov. 2010

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