Robot Blues, plus connu sous le titre Do Androïds Dream of Electric Ship ? ("Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?") et encore plus connu sous le titre Blade Runner ("Le coureur sur couteau") est un livre important.

Il s'agit d'abord d'un des romans les plus célèbres et les plus influents de Philip K. Dick et ses réflexions sur l'identité et l'humanité (typiques de l'auteur) se retrouvent encore 40 ans plus tard, presque intacts, dans des œuvres telles que que Ghost in the Shell, de Masamune Shirow.
Mais c'est aussi l'un des récits les plus accessibles de Dick (loin des délires transdimensionels de Ubik ou de la narration alambiquée du Maître du Haut-Château), ce qui ne gâche rien.

Oubliez l'univers cyberpunk surpeuplé évoqué dans l'excellent film de Ridley Scott et dans le non moins appréciable jeu de Westwood : le monde de Robot Blues en est l'antithèse. Décrépit, à l'abandon, la seule chose qui grouille dans les appartements vides de San Francisco, c'est la "bistouille", l'entropie, telle que la personnifie Isidore le demeuré...
Dans le récit, de nombreux thèmes modernes sont scrutés au travers du kaléidoscope merveilleusement dépressif de K. Dick : La drogue avec la miraculeuse orgue d'humeur (sur laquelle on peut composer ses humeurs à volonté), les médias avec le bien trop enjoué pour être honnête "ami Buster", la religion avec le mercerisme et ses boîtes à empathie permettant de revivre la lapidation de Wilbur Mercer ad nauseam, et enfin le statut social où les fameux moutons électriques tiennent une places si importante... Autant d'éléments qui font cruellement défaut à l'adaptation cinématographique.
Mais ce qui aura fini d'emporter mon cœur, dans la sombre histoire de Robot Blues, c'est Rick Deckard - le héros chasseur de prime. Si humain, si perdu, avec son mariage fragile et ses désirs tout simples, s'identifier à lui procure un bien étrange vertige tandis que ses errements aboutissent, dans le désert.

Il n'y a pas à tortiller, quelque soit le sens par lequel on le prenne, Robot Blues est un Must Read, tout simplement.
Norad
10
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le 8 oct. 2010

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