Tout d'abord, situons l'auteur et l'époque. Cyberpunk est un essai publié en 1988, Marc Downham est décrit comme un membre de la mouvance post-punk situationniste de Manchester. Et rappelons que le cyberpunk est un terme utilisé par l'éditeur américain Gardner Dozois fin 1984 pour qualifier le roman "neuromancien" de william Gibson et quelques autres oeuvres de jeunes auteurs de l'époque (bruce sterling et d'autres) décrivant une société hyper-technologique du futur proche.
Autant dire que l'essai de Downham a été écrit au pic de la vague cyberpunk, et c'est là à la fois sa force et l'une de ses faiblesses. C'est d'abord sa force parce que l'on peut voir comment le cyberpunk était perçu à chaud à l'poque, par quelqu'un certes extérieur au mouvement littéraire, mais connecté sur son époque. Les références culturelles et politiques abondent tout au long du texte, et quelqu'un ne connaissant pas cette époque aura certainement du mal à toutes les percevoir (qui connait encore max headroom ?). De plus Max Downham est clairement marqué par le situationnisme et n'hésite pas à frotter le cyberpunk à ce mouvement. C'est intéressant par moment, de nombreuses pistes de réflexion sont abordées, mais c'est aussi terriblement foutraque, aussi bien sur le fond que sur la forme: on passe de blade runner à jg Ballard, de philip dick à baudrillard, bref l'auteur mélange un peu tout et n'importe quoi. Ajoutons quelques grosses fautes (samuel delaney, roger zelazney) et des notes de bas de page fausses ou inutiles alors que d'autres n'auraient pas été superflues, et on obtient un livre par moment intéressant mais qui se perd trop facilement dans le n'importe quoi.