L'odyssée incroyable et magique, si touchante, depuis Londres à l'hiver 1933, d'un très jeune homme qui va nous instruire le long de son périple extraordinaire, tant des mondes disparus dans ces pays que l'on nomme (d'ici) de l'Est (broyés par le nazisme et le stalinisme... ) que grâce à son innocence juvénile et sa force de caractère mêlées le rendant quasi invulnérable aux coups du sort.
Tant et tant de rencontres soudaines qui orienteront sa boussole, sans guère de hasards finalement, d'étape en étape, de plus en plus ouvert, tant au monde qu'à lui même, jeune homme maturant son devenir. Connaissant parfois (et même souvent, et nous avec lui, heureux de l'aubaine) le bonheur d'un accueil chaleureux, avec le repos dont rêvent tous les voyageurs piétons et solitaires dans leur nécessité incommensurable de répit, au vu de leur dénuement .
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Tant et tant d'au' revoir(s) le long du chemin, qui sont bel et bien des adieux, mais légers, car le voyageur frôle à peine les sédentaires... C'est là sa danse et parfois sa perdition, car il (me) semble qu'une fois livrés au nomadisme, perdant nos repères, perdus, nos repaires (s'éloignant immanquablement du père) bien plus définis par les autres que par nous mêmes, au fond, et sans eux (sans vous, nous tous autres donc) il est fort ardu de devenir tout à fait ce "nous même", Ici même que nous disons "moi"... ............le jeu est autre ?.............. Un Autre "je" qui n'est pas nous sans eux, les "autres"... (peut-être viens-je d'écrire un dialogue intérieur de Paddy sur la route ... ;;;;;;;;
avec l'aide du Bel Arthur ? toujours là, ce bougre. No lo se, mais il le fallait.
... Et c'est bien pourquoi je me (dé)livre aujourd'hui à cette errance d'écriture dans le jour et la brise, en votre bienveillante compagnie, pour donner réminiscence des pérégrinations du joyeux vagabond, dans le temps de son voyage juvénile et le temps de son retour sur les lieux de l'errance, bien des années plus tard, où il enrichit le récit de multiples et précieuses histoires, comme si nous pouvions accompagner à la fois le piéton qu'il fut et nous inscrire dans le paysage autour, où les siècles ont laissés leur empreinte, tangible pour nous lecteurs, par son -rare- don de conteur.
* - *
Il y a donc trois opus, réunis en un.
De quoi faire un oreiller japonais.
Bien dur et compact.
Pas bienvenu dans un sac à dos, sauf si l'on a de l'endurance, et une bonne lampe, tempête, car la lecture est accrocheuse...
Livre(s) écrits à posteriori par Paddy, à partir de ses carnets (parfois même sans, car perdus, souvent) enrichis d'une érudition amusée et pleine de la gravité des âmes pures, qui ravira les curiosités les plus gourmandes.
Se munir d'un bâton (qu'il perdra) et de bons godillots...; l'Allemagne fraîchement Nazi-dé-fiée, sa neige anxiogène et ses verglas dans le fossé, ses petits verres d'alcool de framboise qu'on lui offre avec la tendresse universelle des aînés pour la jeunesse, Vienne et ses asiles de nuit sordides, ses aristocrates Magyars, aussi généreux que fauchés, qui lui donneront crédence et l'inviteront pour la suite de son périple Hongrois en des châteaux fourbus où l'on cause français; Proust, s'il vous plaît... & Hugo, bien sûr... et où l'on sait aussi manier la fourche aux écuries. Il honorera ces générosités d'hébergement de toute sa fougue rimbaldienne et délassant sa carcasse enfin, dans des draps de lin. Providentielles, donc, ces invitations offertes dans tant de fêtes Viennoises impromptues, parsemées de frais baisers donnés bien plus que volés... Portraiturant au porte à porte, pour quelques pfennigs, un petit peuple des faubourgs d'une ville aux abois qui semble déjà se pencher vers l'abîme, répétant en sourdine la symphonie déconcertante accompagnant l'abominable farce macabre qui guette les empires Ostrogoths et Droits... Un des chapitres inoubliables parmi tant d'autres. Et puis, il lui faut repartir... toujours et encore, vers l'Est.
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C'est donc dans un joyeux désordre que la mémoire de l'écrivain en herbe, en fleurs, en fruits délicieux, nous propose sur un plateau de thé chargé de grappes et de pépins... LES Roumanie(s), Hongrie(s),Bulgarie(s), mosaïques au couleurs vives, qui furent recouvertes par les décombres, conséquence de la Totale Krieg puis bientôt par la grisaille dans l'ombre du rideau de fer. Y revenant, bien plus tard, Paddy n'y reconnaîtra presque plus rien... Nichts mehr. больше ничего.
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Cavalcadant sur la Putza, se livrant à des méditations Danubiennes, visions bleues et vertes, thé très noir, alcool translucide, fascination pour les ponts, les passages des haleurs au bord des rapides où au long du fleuve bien des hordes plus ou moins civilisatrices déferlèrent en leur temps...
...
Trimardant jusqu'à la mer Noire (où se partage une fantasmagorie musicale digne d'Homère, avec les pêcheurs exaltés), puis enfin devant la Sublime Porte. Qui sera bientôt ouverte sur la guerre où Mr Fermor se souviendra d'où il vient (London, U.K.)
-- A lire aussi == > https://editionsnevicata.be/enlever-un-general
En offrant avec générosité et malice, en fin d'ouvrage, comme une coda musicale, un dernier trek parmi les rocks, dans cet espace clôt sculpté par les siècles du Mont Athos, presque en contrebande, un peu comme si ce gaillard dont la féminité intérieure nous paraît luxuriante était là -lui si entier d'avoir vécu le tannage qu'apporte la route aventureuse- pour tirer un peu sur la barbe des moines, plus ou moins éclairés, bourrus, somme contradictoire d'eux même tout comme nous lecteurs (et lectrices, j'ose ici l'espérer, enfin autorisées a parcourir le sanctuaire de pics et de criques), pris dans le tourbillon d'être en trouvant de bien jolies ou déliquescentes parades...
* - *
Impossible de sortir indemne de cette épopée, impossible de ne pas ressentir, au delà des perceptions que nous offre la communion sans rémission avec les éléments qui attend le chemineau, la roue écrabouillante, abominablement crantée comme les bottes des spadassins du désespoir de l'histoire du milieu du 20ème siècle, qui a littéralement volatilisé dans le corps géographique de l'Europe, en son mitant, un organe indispensable, et dont nous cherchons parfois aujourd'hui la présence fantomatique. Ce sont là des millions d'êtres humains disparus. Puis très rapidement, d'autres existences brisées, rapetissées, subsistant dans la crainte des ordres venus de Moscou.
Patrick Leigh Fermor, en écrivant à la fois sur le temps de son voyage, sa jeunesse et depuis son âge d'homme, retourné sur les chemins balkaniques de son odyssée, nous fera ressentir cet effroi et ce manque, en tant qu'individu étymologiquement indivisible tout comme en peuples, nations, vivant un éparpillement du sens commun et des espérances légitimes, une balkanisation qui s'installe et partant, des réactions d'anticorps des plus délétères, dont nous vivons encore et certainement pour longtemps les affres, anticorps sociétaux, anti-vie délirants, prétendants à une unité qui n'est plus.
... Si tenté qu'un jour un pays fut paisiblement uni, et qu'en est il de plusieurs ? Unité tangible pourtant vécue au fil du chemin de 1934/35, nous proposant, lecteurs attentifs-ves et captivé.e.s un miroir salutaire par le labeur et les cérémonies, du berceau à la fosse, accompagnés des Lautari, ménestrels, oracles, bons fricots de hérissons empuçés et tricots mille fois ravaudés avec l'amour que donne la nécessité.
Notre humaine condition, unie par le "bas", le peuple, Nosotros, dans sa farouche et tendre volonté d'existence, avec la joie qui guérit les peines, chanson universelle, brutalement défaite par les puissants, les puissances, qui se piquent de tenir l'aiguillon, et de nous en transpercer les esprits et les corps à leur guise.
Voici ce que l'on peut ressentir en musardant avec Paddy, il y a 86 ans...
** - **
Car, il faut bien nous y résoudre, il nous faut admettre -et cet ouvrage précieux nous y encourage, d'une certaine manière, qu'il y a eu un monde englouti, dans la Mitel Europa, en effet mythique comme nous le rappelle ce survol encyclopédant : ==> https://fr.wikipedia.org/wiki/Mitteleuropa .../... oui, un âge d'or qui a suscité bien des convoitises, comme tout ce qui brille... Il nous faut donc admettre que ce sont les territoires de la Troisième guerre mondiale, celle qu'on appelle " froide" , et durant laquelle certain.e.s d'entre nous sont né.e.s, qu'a arpenté Patrick Leigh Fermor, en godelureau so british , fuyant aussi sa condition de jeune homme promis à la bourgeoisie de son époque. (son père était en fonction aux Indes, if you know what I mean, et lui attendait des mandats poste restante, à Vienne, à Bucarest... ) Il a tiré les élastiques de ses souliers blessés parmi des multitudes de lieux, des plus fauchés aux plus rutilants, sous le regard d'êtres humains qui, il le raconte parfois au fil de la narration, et c'est bien cela qui est inoubliable, ont été éradiqués brutalement, et leur usage du monde avec eux. En cela, Dans la nuit et le vent constitue aussi pour nous céans une mise en garde**de qualité par rapport à tous les processus globalitaires (globish pas glob pas glob) très présent dans notre époque qui se sont attaqués -tant qu*'A-culturellement* que maté-rialisti-que-ment à nos particularités, nos idiosyncrasies, nos rêveries d'un ***autre monde possible*, nos fulgurances.
Pour revenir au concept du "nombre de guerres", a propos de celle, si sordide, que l'on peut nommer "Troisième", j'attire votre attention maintenant sur ce texte remarquable, écrit en 1997, par celui qui fut (et qui le rendit à la ronde des Pueblos Unidos en le multipliant) son passe montagne il y a quelques années.. le Sous-commandant Marcos - "La Quatrième guerre mondiale a commencé" - « Pourquoi nous combattons » :
https://www.monde-diplomatique.fr/1997/08/MARCOS/4902
Fin de la parenthèse qui n'en est pas une puisque pourrait s'approcher la Cinquième....
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Placement à propos des lit, thés, ratures dites de "Voyage" et des aigres cris vains voyageurs...
Voici (ma) position de lecteur :
J'écris ici ce jour, en écho avec bien des œuvres nomades qui me sont si chères, indispensables, que les *récits de voyage(s)***au delà de proposer évasion dépaysante, tours dans son sac et **Tropiques (souvent tristes) nous (me) ramènent à notre origine, à notre glèbe, à notre culture de langue maternelle, à notre jardin d'enfant.
C'est à dire : Nous ressentir aussi/autant les indigènes d'une terre vivante, là où nous sommes, que les dignes ou grotesques figures que le ou la voyageuse qui a décrit son parcours dans les parages où elles vivent. L'autre "moi même" de fait, le Papou, l'Inuit, le Bantou nous regarde droit dans les yeux et nous demande, bien cachés derrière notre bouquin, de lui dire alors "je suis celle ou celui là, et voici ma tribu, mes ancêtres, mes enfants".
C'est cet aller retour qui vaut vraiment le coup, lors qu'on lit du "voyage"...
L'on va vers les autres, et le boomerang reviendra se ficher juste au centre de notre être.
C'est l'inoubliable appel de Dersou Ouzala, C'est le respect de Jean Malaurie (initié peu à peu, et prenant fait et cause pour les peuples circumpolaires) qui nous permet de passer une saison avec la "Sparte Inuit", jeunes chasseurs entraînés à l'endurance absolue, qui ravitaillent la communauté des igloos épars dans la grande blancheur polaire, risquant et subissant de trop la disette.
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La plupart du temps, nous assistons, en "lisant du voyage" à des tableaux où ne nous figurerions pas, car nous sommes rarement des initiés, au fond, nous sommes devenus modernes, isolés, lecteurs plus qu'acteurs de la geste humaine, ou en tout les cas de celle qui se contente d'être, et de vivre pleinement une vie, cette vie là, et non pas plusieurs en une.... Il y a donc une qualité intrinsèque très présente dans l'ouvrage de Paddy Fermor... C'est qu'il est du coté de l'expérience où le voyageur fait partie du paysage et des communautés rencontrées, lors qu'il y a une littérature d'explorateurs/colonisateurs qui décidément sont les étrangers absolus dans les lieux qu'ils arpentent... Voir Water Music, de T.C.Boyle... j'y reviendrai...
Du coup, le processus métamorphique que connaît un auteur comme Fermor, nous le revitalisons par la lecture, et Dans la Nuit & le Vent fait entièrement partie de cette famille de récits qui nous interdisent le confort occidental, issu de bien des siècles de prétentions civilisatrices, d'être du coté des doctes dominants colonisateurs/touristiquateurs qui nous exposent, pleins de suffisance, épris de clichés, des peuplades "sauvages" ou "si typiques" qu'ils n'ont fait que croiser, sous d'autres latitudes***. Tiens je visualise les affres du héros de Lost city of Z... ou Aguirre, the Wrath of God... Oui, il y a les pilleurs et les généreux. Paddy est un généreux, et il nous remplit les mirettes et les esgourdes de sa tendresse. Et son apport est profondément précieux à la littérature de voyage qui nous décolonise l'esprit. Voilà où je voulais en venir et vous y amener.
Étape.
Repos bien mérité.
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Et puis il y a dans l'ouvrage aussi des villes, constituant un territoire décidément plus vertical et trompeur que les forêts et les champs. C'est dans la ville que les voyageurs désargentés risquent la clochardisation, alors que le large de la terre recèle toujours de quelques myrtilles a partager parfois -prudemment- avec quelque ours en maraude comme nous.
Pour Paddy aussi, les villes deviennent un tableau cubiste, espace temps recelant des dangers, des misfortunes et des situations cocasses, comme lorsqu'il trouve dans un faubourgs de Bucarest, si j'ai bonne mémoire, un hébergement qui effrayerai bien des bigots pru-dantesques...
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Certains observateurs d'Outre Manche, -bienveillants- ont avancé que Bruce Chatwin, un très, très grand ami de Paddy (dont le chroniquerai les errances, j'en frémis d'impatience) était le "premier écrivain voyageur britannique à ne pas avoir la marque du casque colonial sur le front", de même pour Paddy, en effet. Je pourrais avancer ici qu'avec son jeune âge, sa mentalité et ses qualités intrinsèques - loin, bien loin du héros de Musil, qui renâcle, va de l'arrière et travaille du chapeau il en découds avec le réel...
...Personalité forte, tout comme Laurie Lee britannique épris d'errance, comme promis à la réforme militaire par originalité, mais rattrapé lui aussi par la guerre, comme la plupart de nos ascendants.
Et qui aura une destinée de warrior comme on le dit communément de nos jours. Avant d'être un homme de l'Après guerre, et d'avoir le temps d'écrire ce chef d’œuvre dont je vous parle aujourd'hui, parmi d'autres sacrés bons livres.
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Nous percevons en lisant son long et passionnant ouvrage son allure, son pas erratique comme décolonisé par abandon des étiquettes que le monde social n'a pas eu le temps de lui coller... Et c'est cela qui est admirable pour nous, qui sommes devenus -ici, S.C plus qu'ailleurs n'est ce pas ? - des êtres "post décoloniaux", frottés de l'Universel et garants de fraternités tangibles. L'expérience du voyageur Paddy, qui augure et célèbre la Liberté véritable, celle qui risque (presque) tout, en avant-gardiste de la Béatitude des Beatnicks, entre 18 et 21 ans, c'est dingue ! 1933-1935... Et qui nous transmet son Duende et nous enchante, des années plus tard, en profondeur.
Tiens, le Duende me fait penser à Lorca, bien sûr. Voilà, touché. (je me dis soudain) que Fermor a écrit aussi pour porter la poétique parole de celles et ceux qui n'étaient plus... tant de voix que les totalitarismes ont fait taire, muselées ou assassinées... Reste leurs poèmes, leurs lettres parfois, leurs livres, et les survivants qui rendent hommage et passent le relais...Il en fut un.
Remember... Compagñeras y Compañeros ...
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Retour à l'observation contradictoire des usages du monde :
Nous sommes à présent les témoins ébahis par les avancées des sciences quantiques qui nous démontrent (avec une rigueur que je suis parfaitement incapable d'apprécier pleinement, étant benêtement un farfelu) que tout observateur influe sur le résultat d'une expérience, à des niveaux tangibles... N'importe quel touriste prévoit dans son hôtel de remplir ses poches de mitrailles afin de la distribuer aux êtres dont il achètera ainsi l'image à bon compte, quand il ne la vole pas. *Oui, malheureusement les touristes quelle que soient leur prétentions universalistes s"accaparent et déforment leur entourage, lors que les voyageurs sont édifiés et recentrés par leur non-prédation du monde. Ils sont "le cadeau", apprennent a faire des offrandes et à les recevoir, ce qui est des plus difficultueux...*
Parabole fortuite qui me viens à l'esprit, la voici couchée sur l'écran, à votre disposition :
Imaginez un instant qu'un malicieux forgeron disons...du Khazakstan, rencontré la veille et vous repartant, sac au dos le matin même, tient a vous offrir, au nom de l'amitié naissante, sa toute première enclume d'enfant... Comment lui dire alors qu'elle ne pourrait alourdir votre sac ? Comment ne pas deviner qu'il a vraiment besoin de vous pour se débarrasser du symbole de ses premiers balbutiements, ses coups de marteaux arythmiques ?
Précision pour la fable : Il forge dorénavant, par choix, des outils et non plus des épées, dans son royaume sur la Terre, sous les cieux... et ne désire pas, notez le bien, avoir d'héritiers de son art, qu'il sait promis a disparaître, vu les imports/exports...
Comment être utile, et comment être utilisé, en tant qu'envoyé d'Hermès, de Mercure, en tant que messager ? Voilà les questions cruciales qui attendent l'audacieux, l'audacieuse qui se risquera en pays de Reconnaissance...
Que soit ici formulée la prière des errants que tous les cadeaux proposés par nos hôtes d'une nuit soient des plumes.
Pareil pour l'auto stop, si vous me suivez (je l'espère) qui depuis toujours a comporté le risque de mettre sur la paille les psychanalystes vu la propension atavique des conducteurs d'un trajet à se livrer., se répandre, chercher une solution à leur "problèmes" qui s'évacuera grâce au voyageur anonyme ...
Réminiscences fécondes, excusez les zigs zags -mais ils sont le lot du voyage...
Ici, (quittons la distorsion spacio temporelle induite par l'évocation saugrenue des touropératerroristes ) ce n'est pas le cas, Paddy a un bagage mais pas encore de valises, c'est lui qui est profondément influencé et chamboulé par ces rencontres, qui le font naître à lui même. Nous lecteurs, renaissants avec lui. Impressionnés.
Et le révélateur, l'outil de communication de cette révélation , c'est sa culture, lycéenne classique, son goût de la poésie, ses bribes d'allemand, son latin d'élève doué et rétif ( == > cqfd viré de nombreux lycées, on dirait aujourd'hui "décrocheur" ), son précieux viatique d**'*humanités*** qui lui permet de filtrer le réel proposé par le voyage sans manquer d'être tout autant avec ingénuité -délicieusement le plus souvent- roulé dans la farine, comme le petit poisson qu'il fut et que la plupart d'entre nous ici, furent lorsqu'il s'échappèrent de leur bocal en suivant le fil des torrents, des rivières et des fleuves.
Petit poisson vif, the fabulous youg Fermor, ayant goûté les eaux du Rhin, du Danube, et plongé tout de go et crasseux comme savent l'être les errants, c'est à dire propre et baptisé de saines sueurs, dans la mer Noire.
L'adaptation à ce qui change sans cesse, les étapes, et l'acceptation de ce qui change aussi { en ce que nous appelons par commodité "Nous", "Moi" } tout en étant de plus en plus "centré(s)", tel est le lot des voyageurs au long cours...
Faits et défaits par le Voyage, ainsi que nous le rappelle par ailleurs, en symbiose évidente, le Krisna du Léman (il s'agit bien sûr de Nicolas Bouvier...) gardien du troupeau des Poissons Scorpions, à la bonne distance... qui prendra la Route (à moins que ce soit elle qui nous prenne... ) quelques années après le conflit majeur, et plus avant encore vers l'Est, le vrai, comme le dirait de l'Ouest le narrateur de Big Lebovski en touchant d'un air fatigué son beau chapeau blanc...
Fin de la digression. ouf.
§
Oh quelle épatante épopée ! la pipe au bec, le tabac turc, enivrantes et affriolantes effluves de bois de rose et leur scrupuleuse parèdre d'épines au beau milieu du pied, rançon des escapades, faisant danser la gigue en pleurs sous la Lune, la pince a épiler (10 étoiles et des cœurs sur Sens Critique !!!) élue comme meilleure amie des marcheurs contre le vent, et plus encore que le couteau, car plus rare...
Oui, mes Drougs les bazars sont fermés la nuit, alors que, ayant perdu son couteau chéri, l'on peut s'enquérir d'un surin à vendre dans quelques tavernes, au risque de s'en retrouver un placé juste sous le museau...
Cela peut nous arranger la moustache, et c'est presque une aubaine... si cela se passe bien...
...Utile et opportun (le luxe des voyageurs sans le sous, faire du mal un bien, de la trouvaille d'un bout de cordelette un trésor) si l'on a omis de se poser chez le barbier, ce qui est le propre des jeunes routards lors que les vielles birbes apprécient les serviettes chaudes et les encouragements des sages et patients collègues d'usure du véhicule de chair a se livrer au Second Souffle (j'en suis là, et les sagaces barbiers de l'Orient me manquent tellement dans ma préretraite de Russie)
* ### ouh là, j'ai du prendre un coup de soleil a m'aventurer dans tant d'évocations Baroques -forgive me, folks, i am so sensitive when it's about travelling... let's go forward :
Cet homme d'exception, Paddy Leigh, oui mes ami.es d'écran total -drôle de bronzage que d'écrire devant sa machine molle un mot qui deviens un palimpseste... , fut un contrebandier d'esprit et d'innocence. Un grand frère - pour "moi" l'avouant avec ferveur et joie ici- chemineau, vagabond, pèlerin rincé de pluie et enthousiasmé d'horizons toujours inatteignables -
Tel : l' Ouest de l'Ouest.
Confidence,
Confiance
En Vous
Ici
de passage
ainsi que notre destinée commune
Nous le rappelle
(& le départ du très grand Max von Sydow, qui sait ce que "mat" veut dire - tendresse vers lui en ce jour grande reconnaissance à son travail d'acteur rendant visible l'invisible )
Voici en
Confidence :
l'Ouest de l'Ouest............. *
Tearaght, l'Île Ultime du Finis terrae d'Eire.
http://www.ipernity.com/blog/144900/597887
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"A ceux / celles qui restent, la terre, à ceux /celles qui partent, le chemin"
Parole népalaise citée par Bruce Chatwin dans "Le Chant des Pistes"... *... mise aussi au féminin-pluriel dans cet hommage à l'errance que je vous propose.
Paddy dormit à la belle, sous**Bien plus que dix étoiles** ((ces systèmes de notation(s) ne me sont pas si agréables sorry about that, friends : (...
En effet, Son auberge était à la Grande Ourse...
............... Rimbalderies en rondes infinies, têtes tournant,
voici enfin venir l'étape nécessaire,
invité.e.s tout comme Paddy à se muser dans la tente posée sur la plage, où se préparent à la cérémonie Dionysiaque les musiciens pêcheur...
Rêvez...
Rêvez, compagnon.e.s
et demain dès l'aube,
Afin d' accompagner vos pas... plus à l'Est, bientôt... :
De quoi se rouler dans l'herbe patinée de rosée :
Geamparalele din Babadag
https://www.youtube.com/watch?v=LQlNA20MP2U&list=RDLQlNA20MP2U&start_radio=1&t=0
Se débarrasser des tarentules, même celles qui se nichent dans le crâne :
Ion Dragoi - Suita de melodii
https://www.youtube.com/watch?v=IJBALjDzT6g&list=RDIJBALjDzT6g#t=5
Se souvenir d'où nous venons, réfléchir où nous allons, avec l'allégresse de la Gaïta (Cornemusette Balkanique)
https://www.youtube.com/watch?v=28_E7UKyvUg
Se pencher sur la Mer Noire, reconnaissant.e et pas peu fier.e. d'être arrivé.e jusque là, et s'apercevoir que les cartographes se sont un brin trompés de crayons de couleur, remplacé ici par le kaval, la flûte sautillante :
Geamparalele bătute / Asymmetric rhythm dance from Dobrudja area
https://www.youtube.com/watch?v=WaW_4oKEC5U&list=RDWaW_4oKEC5U#t=13
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Voici donc en supplément réunies pour vous toutes ces merveilles musicales que je souhaitais aussi évoquer et partager autour de l'ouvrage... à 7 temps bien sûr, Aksak -du turc « boiteux », on dit asymétrique quand on est un musicâstre occidental, oui, bien comme le pas du jeune homme, asymétrique à sa façon, Paddy, notre guide subtil, dans la Nuit & le Vent parfois sous la neige, de moins en moins éparse de l'hiver en Allemagne du Nord, avec le passage à l'année 34, quelques dizaines de jours et pas mal d'ampoules au pieds avant ses 19 ans...
Prenez la route avec lui, qui a même eu l'audace de durer dans cette forme jusqu'à ses 96 ans...
Look at this brief history, if you like so :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Leigh_Fermor
*
Rest in Motion, Beautiful Soul.
Friend of Bruce and of many kinds under the Sun
Recognition & Gratitude.
A vous de même lectrices, lecteurs, gratitude.
Post Scriptum, clarifiant je l'espère les incohérences de ma tentative :
Cela est ma première "critique"... Qui est de fait un "Éloge des Voyages insensés ..."
J'espère ne pas avoir abusé de votre précieux temps en me lançant au fil de la passion Paddystique dans des parenthèses qui partent en thèse ... argh.
Quel précieux ridicule se lance dans un tel panégyrique ?
C'est moi... dans l'enthousiasme des premières...
Panégyrique de Paddy ??? kesako ? koi ? un Oulipien en liberté ? qu'on me le place en Katorzaine au mines austère s de la Kultur !!! il chop'ra le Koronavirus et on mettra sa démentielle biblioteK au Pillon ! K'il Klapote ! K'il abjure son goût des Kocks à l'Âne ! KKKKrack !!!
Panique en générique... en temps de contagion, fauss' méfier....
-rien à voir, amigas y amigos, avec les hygiénisme de l'hydro alcoolisme à la mode, bientôt des happy hours dans les bars à eau citadins pour combattre les infections ?
Truc : il faut se verser de la gnôle sur les paluches, et y mettre, brièvement le feu, si l'on si l'on veut bien de l'astuce d'un certain hussard sans sabre ni cheval, réfugié sur les toits de Manosque...
Donc, revenons, if you like so, à cette adresse à votre compréhension complice :
Depuis quelques années, en escarmouche (dans le creux du coude) je goûte fort S.C, vous lisant et vous voyant gaiement deviser, orientant mon esquif à l'occasion vers tel ou tel azimut dont vous vantiez les mérites. Avec une liberté de ton qui m'a fait franchir le pas de vous y rejoindre.
. (me) voici maintenant au port, rasséréné, en votre aimable compagnie devenant plus tangible, dans une taverne de hobbits à l'enseigne du Poney fringant, acceptant les rôdeurs, mais pas les cartes bleues, sauf les maritimes ne fréquentant par ailleurs aucun "raiso sauce Yo" post post post maudeirneu, en pays donc de connaissance...Critique.
--- de Re-connaissance, en vous-mêmes, à vous même et pour toutes et tous mêmes,
re connaissance de notre essence commune, et si précieuse, comme l'eau qui reste dans la gourde, ce que (je) souhaite à toutes et tous, en ce lendemain de pleine lune, fêtée d'un grand Feu, au bord de la rivière grise en compagnie des Corneilles qui finie leur veille et leur festins de fortune, rentrent au faîte des peupliers, souples sous les bourrasques d'un hiver non encore vraiment établi, et déjà transmuté en printemps, plus ou moins silencieux.
Prenez soin de vous, et des vagabonds, ils sont les envoyés de l'errance, du renouveau.
" *Des amis, un flacon de vin, du loisir, un livre, un coin parmi les fleurs... Je n'échangerai pas cette joie pour un monde, présent ou à venir." *
Hafiz (v. 1320-v. 1389)
Merci pour vos aides et vos commentaires, bienvenu(e)s.
Cheers.