Critique de Dans la ville d'or et d'argent par isallysun
Un bon petit livre historique. J'ai été ravie de découvrir cette période et cette héroïne
Par
le 22 mars 2013
Ces hommes écrasés ont longtemps essayé de se faire comprendre, ils ont demandé un peu de justice, ils se sont heurtés à un mur. Et si dans ce mur aucune porte jamais ne s'ouvre, ils devront l'abattre.
Dans la ville d'or et d'argent, Lucknow, la jeune poétesse Muhammadi retient l'attention du Roi d'Awadh, Wajid Ali Shah. Devenue la Bégum Hazrat Mahal, sa vie n'aurait dû être qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Mais nous sommes en 1856. La toute puissante Compagnie des Indes, épaulée par la toute puissante armée de la toute puissante Reine Victoria domine le sous-continent indien, et exige l'abdication du Roi. En dépit des menaces, il refuse. L'armée attaque. Le souverain et sa mère, la Rajmata Malika, décident d'aller demander justice pour eux-mêmes et leur pays à Victoria elle-même. Wajid Ali Shah est retenu en otage à Calcutta et la Reine-mère s'embarque seule pour l'Angleterre.
Quelques mois plus tard, les Cipayes, soldats indiens au service de l'Angleterre se révoltent contre leurs maîtres. Cette révolte se répend comme une traînée de poudre dans la population indienne. Hazrat Mahal, écoeurée par l'attitude méprisante et le manque d'honneur de l'occupant, par les destructions et la misère qui sont désormais le lot commun de l"Awadh, devient, au nom de son fils maintenant couronné, une des figures majeures de ce qu'on peut appeler la première guerre d'indépendance de l'Inde. Reine régente, chef politique et militaire, elle se lance dans la bataille - parfois au sens propre du terme.
Mais l'Angleterre est toute-puissante.
La révolte est matée. La plupart de ses chefs exécutés ou exilés. Hazrat Mahal et son fils prisonniers au Népal, où la Bégum mourra quelque vingt ans plus tard.
Victoria n'a jamais accepté de rencontrer Malika, qui est morte à Paris en tentant d'obtenir l'appui de la France.
Mais les révoltés ont eu des successeurs. Les sahibs anglais aussi. En 1948, l'Inde accédait à l'indépendance. Peut-être Hazrat Mahal aurait-elle pu sympathiser avec Edwina Mountbatten...
L'histoire contée par Kénizé Mourad et belle. Belle, violente et triste, comme peut l'être celle d'un peuple qui se bat pour sa dignité, et son indépendance, et y échoue. Il ne faut pas y chercher de grandes envolées lyriques, de grandes pages épiques. L'auteur est journaliste. Son style est journalistique. Clair. Précis. Objectif. Les personnages, Indiens compris, sont rarement tout blancs, et certains britanniques sont des hommes d'honneur, si leur gouvernement, lui, en manque singulièrement. Bref un bon livre, à mon avis, mettant en scène des êtres humains pris dans une tourmente trop méconnue de nos contemporains.
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Créée
le 7 mai 2018
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