Prune et Merlin coulent des jours heureux dans leur maison de campagne qu’ils viennent de s’offrir, loin de tout mais au milieu de la nature et de sa tranquillité qu’ils affectionnent. Prune aime arranger son antre, creuser sa « piscine », mitonner des petits plats et faire la grasse matinée. Merlin, lui, est un artiste. Il est l’auteur d’une BD à succès et l’illustrateur d’une encyclopédie ornithologique qu’un éditeur lui a commandée. Il est donc bien occupé et passe de longues heures dans son atelier un pinceau ou un stylo à la main.


Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si Laurent, le vieux copain de Merlin, n’était pas décédé brusquement. Avant qu’on ait eu le temps de venir le voir une dernière fois, lui dire adieu et combien on l’aime, prendre une dernière cuite, évoquer le passé. Merlin se sent orphelin. D’autant que Laurent lui a inspiré le héros de sa BD : Jim Oregon. Le vieux cow-boy élimé couché sur le papier pourra-t-il survivre à son mentor ? Dessiner et mettre son ami en scène est devenu douloureux pour l’artiste.


Surtout que Laurent, par voix testamentaire, exprime deux souhaits pour le moins inattendus. Et difficilement concevables pour Merlin…


Avec ce nouvel opus, Marie-Sabine Roger sort des sentiers qu’elle a jusque-là suivis. Nous ne sommes plus simplement dans une belle histoire bourrée d’humour décapant. Cette fois, il y a plus. A travers les tourments de Merlin, ce sont les doutes et les difficultés de tous les auteurs qui sont abordés. Et ceux de Marie-Sabine Roger elle-même sans aucun doute : identification à son héros, difficulté de se renouveler, de pondre l’accroche qui donnera au lecteur l’envie de prendre ce livre parmi une offre pléthorique, les délais imposés par les éditeurs, le syndrome de la page blanche faisant suite et précédant une période de production foisonnante, les critiques…


Un récit enlevé, drôle et grave à la fois, bien écrit et très agréable à lire. Un récit que j’ai toutefois trouvé plus profond, plus abouti qu’à l’accoutumé tout en gardant une grande simplicité, une grande sobriété. Comme une étonnante facilité d’écriture de la part d’une auteure que, décidément, j’aime lire.

BibliOrnitho
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le 7 juin 2017

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