Jacob a 90 ou 93 ans, c’est l’un ou l’autre il ne sait plus trop. Lorsqu’un cirque prend ses quartiers près de la maison de retraite où il vit depuis quelques temps, un flot de souvenirs lui revient. Au gré de ses flashbacks, il nous entraîne dans le monde du cirque américain des années 30, et plus précisément durant la Grande Dépression. C’est dans cet univers qu’il a exercé son métier de soigneur animalier pendant de nombreuses années ; mais derrière les sourires se cache une triste réalité.
A la mort de ses parents, Jacob se retrouve seul et sans ressources, il ne sait pas ce qu’il va faire de sa vie. Alors quand le train du cirque « Benzini » passe devant lui, il décide de sauter dedans, ce qui va changer son destin à tout jamais.
Le plus gros atout de l’auteur, c’est sa capacité à retranscrire les sentiments de ses personnages. Sa plume subtile dépeint, toujours avec justesse et pudeur, les émotions les plus douces (amour, amitié) et leurs homologues plus sombres, comme la cruauté, la misère ou la précarité. Les thèmes abordés sont aussi durs que réels, et certaines scènes, traitant entre autres de solitude, de maltraitance animale ou encore de l’abandon des personnes âgées peuvent se révéler marquantes de par leur violence parfois extrême. Bouleversant de bout en bout, le livre regorge de moments poignants qui nous touchent profondément Le tout écrit d’une façon émouvante, avec des mots qui nous touchent profondément et nous font ressentir une palette d’émotion très large, sans jamais tomber dans le mélo. J’ai ri, pleuré, angoissé, tremblé comme si j’étais à bord du train avec Jacob.
Pour ce qui est des personnages, là aussi on sent que les caractères sont recherchés et travaillés, à l’image de notre héros Jacob que l’on suit en alternance tantôt vieillard un peu bougon, tantôt jeune homme plein d’espoir, mais dans les deux cas terriblement attachant, de la belle écuyère Marlène ou encore de l’étrange mari de cette dernière, August qui semble avoir une personnalité très instable. L’oeuvre fait également la part belle à Rosie, une éléphante extrêmement attachante avec qui Jacob va vivre une magnifique histoire d’amour. La démarche est très intéressante, d’autant que cet animal est finalement assez peu représenté en littérature, ne jouissant pas d’une cote de popularité très élevée.
Retrouvez la critique complète sur --> https://www.fwiw.fr/livres-comics-mangas/de-l-eau-pour-les-elephants/