Le point fort de ce roman est d'explorer un thème plutôt absent de la littérature : le cirque américain d'avant-guerre. Un thème qui pour être original n'en est pas moins fascinant et que l'auteur, bien documentée, parvient à faire revivre jusque dans ses détails et ses anecdotes tantôt burlesques tantôt ahurissantes.
L'itinérance est l'essence même du cirque mais à travers un pays aussi vaste que les Etats-Unis d'Amériques, son itinérance prend des proportions encore plus sensationnelles et son transport par chemin de fer donne une nouvelle envergure à la dimension extraordinaire de cet univers fragile, éphémère, où tout se joue dans l'urgence, dans l'instantanéité d'un moment de rêve vite passé et qui laisse dans les yeux des spectateurs des myriades d'étoiles.
Jacob, étudiant en médecine vétérinaire, perd ses parents dans un accident de la route, pendant la Grande Dépression. Commotionné par ce drame familial, il rate ses examens et s'enfuit du campus. Son errance le mène rapidement à la rencontre d'un grand cirque en tournée. August, le responsable de la ménagerie, l'embauche comme vétérinaire et l'introduit dans le cercle fermé des artistes au centre duquel brille sa propre épouse, la belle écuyère Marlène. August, d'un naturel violent et sans doute schizophrène, commence alors à jouer au chat et à la souris avec son nouveau protégé…
Pour moi, le point faible du roman réside dans le style de l'auteur, la bonne volonté ne suffisant pas à remplacer le talent. La narration est assez irrégulière, avec des phases très travaillées et d'autres – notamment celles comportant de nombreux dialogues – assez pauvres. Au global, une lecture agréable même si je trouve dommage que Sara Gruen est absolument tenue à développer une romance sur un thème suffisamment riche en lui-même pour tenir un lecteur en haleine.