Les seventies vues d'Afrique

Avec « Demain j'aurai vingt ans », Alain Mabanckou nous parle d'une certaine jeunesse au Congo dans les années 70. Son héros se prénomme Michel et est le seul enfant de maman Pauline qui aimerait tant en avoir d'autres. Michel termine sa primaire et a de nombreux projets d'avenir. Il a le langage délicieux et les interprétations décalées propres à l'enfance. Son père s'appelle papa Roger, même s'il était déjà né quand ce dernier a pris comme deuxième épouse maman Pauline. Entre l'amour de ses parents, sa perception du monde et les habitants de son quartier, nous voyons le monde au travers de ce regard d'enfant.

Celui qui dirigeait la famille se nommait tonton René, un homme riche qui pourtant se réclamait du communisme qui s'enseignait dans les établissements scolaires de cette époque. Se rendre à l'école était déjà une aventure en soi tant les mythes habitaient l'imaginaire des enfants. Michel faisait le chemin avec Caroline, la fille du tailleur ami de son père. Il était amoureux de Caroline et pour reconquérir cette dernière, il va devoir lui prouver son amour. Et ce sont des récits drôles et critiques qui s'enchaînent dans la perception du communisme à la congolaise, des blancs que symbolisent Lénine, Marx et Engels, des relations entre ses habitants, de la vie d'alors, tout simplement.

Nous verrons quel regard était porté par cette Afrique sur l'actualité du monde. Nous assisterons aux événements qui ont chassé le Shah d'Iran de son trône et la crise des otages américains dans leur ambassade de Téhéran. Nous vivrons l'impact sur l'imaginaire collectif qu'eut le combat de Mohammed Ali sur cette terre noire. Nous verrons la perception des pays voisins sur des dictateurs tels Amin Dada ou les relations ambiguës et diamantaires entre un empereur centrafricain et un président de la République française. Nous serons surtout emportés par la force qui se dégage de ce continent et la puissance des traditions qui s'insèrent tout naturellement dans une certaine modernité.

Ce roman est d'une grande fraîcheur et nous ramène sans nostalgie, mais avec beaucoup d'humour, vers une histoire parallèle à la nôtre. L'écriture d'Alain Mabanckou, Prix Renaudot 2006 pour « Mémoires de porc-épic », est fluide et agréable. Il nous transporte, sans verbiage superflu, d'une approche à l'autre dans ce récit. Un roman subtil, drôle et émouvant. A ne pas manquer.
Bobkill
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le 2 déc. 2011

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