Roger Zimmern, un jeune sociologue, et son aîné, le professeur McMann, qui fait preuve à son égard de plus de réticence que d'enthousiasme, sont les deux héros de cette désopilante comédie intellectuelle. McMann, homme de terrain, entraîne Roger dans son sillage, dans le but d'étudier les comportements " humains " d'un petit groupe d'individus. A Sophis, une ville située non loin de leur université dans l'Etat de New York, ils découvrent une bande de fanatiques : " Les Chercheurs de Vérité ".

Tom McMann, sociologue renommé, mais au coeur de conflits universitaires,
recherche la nouvelle étude originale qui donnera à sa réputation l'unanimité qu'elle mérite.
Pour damer le pion à ses collègues et rivaux, il entraîne à sa suite la jeune recrue fraîchement diplômé du département, Roger Zimmern.
C'est ce jeune sociologue, d'abord candide et impressionnable, qui est le narrateur de de cette investigation dans une secte de la province de New York, où l'on prend des leçons de spiritualité au près d'extraterrestres supérieurs.

La découverte de ce rassemblement d'individus décalés est l'un des points forts du roman. Avec un ton qui ne se départit jamais de sérieux et de la curiosité qui sied à une telle étude, Alison Lurie dépeint avec humour ce petit groupe, souvent très banal.
Car le véritable intérêt sociologique n'est finalement pas tant l'influence qu'à l'endoctrinement et l'extérieur sur le groupe, que l'influence que possède McMann sur Roger, ce dernier demeurant jusqu'au bout marqué par le besoin d'admirer son mentor, au point d'envisager de se faire interner volontairement dans un hôpital psychiatrique pour enquêter au près de Tom.

On ne saura jamais en fait qu'elle est le véritable sujet de l'enquête que poursuit Tom. Est-ce cette secte d'illuminés, qui guète au travers de la parole prophétique de Verena, une jeune fille perturbée et isolée, la venue d'un maître extraterrestre, et qui peut intégrer chaque élément de contradiction dans sa doctrine, ou bien l'aptitude de Roger à de toujours ré-affirmer son engagement au près de son modèle, et cela malgré les pires données extérieures?
Tout au long de l'investigation, McMann joue un jeu ambigu: il est tantôt professionnel, alors que Roger semble subir dès le début l'influence de Verena, et tantôt exalté, alors que Roger et méfiant, il l'entraîne systématiquement aux antipodes de son ressenti.

Mais le livre n'évite pas certains clichés. Il est plus aisé de faire du personnage de Verena une belle jeune fille envoûtante, pour nouer une intrigue amoureuse avec Roger, que de s'appuyer sur un personnage qui aurait des atouts moins évidents.
La fascination que Verena exerce sur Roger est d'ailleurs trop immédiate pour convaincre (si on nous la décrit jolie fille, elle n'en reste pas moins bien trop exaltée pour attirer aussi radicalement un chercheur).
Le personnage de Roger possède des faiblesses trop accessibles pour le rendre profond, même si l'analyse et le recul qu'il déploie sur lui même sont plus pertinents que le travail qu'il déploie sur l'extérieur.
Par contraste le personnage de McMann reste insondable; parce qu'il joue avec le narrateur il joue avec nous, et se dérobe dès qu'il nous semble l'avoir percé à jour.

Les sphères d'influences évoluent dans ces espaces d'équilibre étonnants, où finalement même le recul le plus calculé et le plus professionnel ne mettent pas à l'abri de l'interactivité.
Il n'existe finalement pas d'espace plat et neutre que l'on ne puisse arpenter sans rencontre l'Autre.
madamedub
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le 7 mai 2011

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madamedub

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