Pendant qu'une certaine France débat du port du voile sur les plateaux télévisés, à l'assemblée nationale, au PMU, etc..... Une autre assiste impuissante à ce déferlement de clichés, ignorance et haine, envers une culture qu'ils ne comprennent pas et surtout, ne veulent pas connaitre. Dans un pays sombrant dans l'islamophobie, la journaliste Faïza Zerouala est allée à la rencontre de ces femmes, à qui on ne donne pas la parole. A travers dix témoignages, on va mieux comprendre leurs désirs de porter ce voile tant décriée, au risque d'être rejetée par une société, préférant les juger, au lieu de les comprendre.


Mais avant de plonger dans ces pages, nous allons faire un petit détour par mon enfance. Alors pourquoi ? Vous vous posez forcément cette question : que vient faire son enfance là-dedans ? C'est pourtant très important, d'abord parce que cela parle de moi, donc c'est forcément intéressant et surtout parce que le voile représente le sourire.
Enfant, mon père me laissait chez ses sœurs, ses parents ou la famille H. (je garde l'anonymat, on vit dans un pays dangereux), pendant qu'il travaillait. Dans la famille H., il y avait un enfant de mon âge Noël, un choix de prénom pas très judicieux de la part d'une famille algérienne, l'intégration ? Aucune idée, trop petit pour me soucier de cela. A table, il n'y avait que les hommes, pendant que les femmes s'échinaient dans la cuisine. Mon statut d'enfant me permettait de circuler en toute tranquillité et lorsque je fis mon apparition, je vis une des soeurs de Noël, entrain de faire la vaisselle, où la lessive, où....bref, je ne sais plus vraiment, mais ce qui m'a marqué, c'est son sourire et son regard bienveillant. Il y avait tant de tendresse sur son visage, que son voile n'existait pas pour moi. Ce souvenir me colle au cœur depuis si longtemps, que rien ne pourra l'effacer, ni ses tentatives exécrables de nos politiciens de le stigmatiser, ni ceux ou celles qui les dévisagent dans les transports et ailleurs.


Après cette mise au point, c'est avec plaisir que j'entame la lecture de cet ouvrage, après avoir mis beaucoup de temps, par peur d'être déçu. L'attente était énorme et elle fût bien récompensée. Avant chaque témoignage, Faïza Zerouala présente son interlocutrice, en nous décrivant sa tenue, son visage et des petits détails, qui donnent l'impression d'être en face d'elle. On a l'impression qu'elles nous parlent directement et d'entendre leurs voix dans nos têtes. Elles vivent dans différents villes de France. Elles n'ont pas le même âge, ni la même interprétation des sourates. Elles adaptent leurs discours à leurs situations professionnelles et/ou familiale. Elles ne sont pas là pour déranger ou choquer, elles veulent juste vivre leurs fois dans la paix.
C'est marrant de voir qu'une pense devenir invisible en portant le voile et une autre, c'est le contraire. De même qu'elles pensent être plus respectées, ou pas. Ce sont des voix différentes et c'est tant mieux, sinon certains seraient capables de taxer l'ouvrage de prosélytisme. On découvre la ou les raisons, qui leur ont donné envie de porter le voile, ou de l'enlever. J'ai retrouvé cette tendresse que je ressens quand je repense à "elle", à travers ses lignes. Ces voix ont besoin d'être entendu et comprise. Ces témoignages sont importants pour que cette société comprennent enfin, qui sont ses femmes, au lieu de les juger constamment.
Faïza Zerouala a pris la peine d'expliquer les différents voiles qui existent : le hijab, jilbeb et sitar. Comme, elle va donner la définition de divers mots : Halal, L'Aïd, Hadja, etc.... Cela participe au plaisir de lire cet ouvrage, avec son côté éducatif, car c'est ce qu'il est aussi, une oeuvre qui a une valeur culturelle indéniable. Ce serait bien de l'étudier dans nos collèges laïques, étant donné que l'islam va y être enseigner dès la cinquième.


Je n'ai qu'un seul reproche à lui faire, c'est trop court, beaucoup trop court.......Tellement envie de lire d'autres témoignages, que cela ne s'arrête jamais, surtout que la plume est si appréciable, avec une conclusion bienvenue pour clore trop rapidement ce bel ouvrage.

easy2fly
9
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le 30 sept. 2015

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Laurent Doe

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