Désaccords imparfaits par jerome60
J’aime quand un auteur très peu adepte du genre se lance dans la nouvelle. Jonathan Coe le précise en introduction : « il ne m’est pas facile de faire court […] Ce qui m’attire dans la fiction, c’est plutôt la complexité, le panorama, et chez moi, il est plus fréquent que les idées nées sous forme de nouvelles prennent l’épaisseur d’un roman. »
Ce recueil d’à peine 100 pages réunit toute sa production de nouvelles. Quatre textes en tout et encore, le dernier ne relève pas de la fiction mais est un article consacré au film « La vie privé de Sherlock Holmes » de Billy Wilder publié à l’origine dans les Cahiers du cinéma. Dans les trois autres, on trouvera un frère et une sœur remuant les souvenirs d’un Noël passé chez leurs grands parents aujourd’hui décédés, un pianiste de bar new-yorkais qui imagine ce que serait devenue sa relation avec une inconnue s’il lui avait répondu de façon différente ou encore le membre du jury d’un festival du film troublé par un ancien adultère et la rencontre d’une séduisante journaliste française.
Pour Coe, une production si minuscule (trois nouvelles en 15 ans) relève de « la plaisanterie ». Je trouve au contraire intéressant de voir comment un auteur habitué aux grandes sagas familiales (Bienvenue au club, Le cercle fermé) se sort de la forme courte. Et pour le coup, il se débrouille très bien. Souvenirs, regrets, temps et occasions perdus, il déroule une partition mélancolique et touchante. En quelques pages il installe une atmosphère et parvient à incarner des personnages dont on cerne en peu de mots l’état d’esprit. C’est vraiment une belle réussite, il est dommage que cet auteur anglais au talent reconnu (prix Médicis étranger en 1998) ne s’adonne pas plus souvent à la nouvelle.