«En Alaska, les histoires se méritent»
"Poser ce livre pourrait vous épargner, mais il vous sera impossible d'en arrêter la lecture".
Voici ce qu'annonce le Los Angeles Times en 4e de couverture.
Voici ce qui pourrait résumer ma lecture de ce second roman de D. Vann, à quelques détails près...
Dès le premier chapitre, l'atmosphère est posée. Le lecteur se retrouve en pleine tempête, au fin fond de l'Alaska. Alors que la neige tombe, la pluie s'abat en trombes, les esprits se cloisonnent, les sentiments s'effritent, le destin est en marche.
Les premières pages donnent le ton : tout ici, dans ce roman est noir, froid, silencieux, parfois malsain, déjà sans espoir... jusqu'à la dernière page.
Les personnages défilent, Gary et Irène un couple "en fin de vie" et leurs enfants : Rhoda (s'inquiétant pour sa mère, se questionnant autant sur le couple que forme ses parents qu'à l'image qu'il renvoie au sien) et Mark (qui continue, lui, à l'opposé de sa sœur de vivre dans l'insouciance, refusant de voir les évènements qui se profilent)
Autour de cette famille gravite toute une galerie de personnages et chacun se perd dans les décors naturels et chaotiques décrits à la perfection par l'auteur. Chaque mouvement, chaque décision prise, chaque parole prononcée semble les enfoncer encore un peu plus dans les sables mouvants dont ils essaient de s'extirper.
Paranoïa, déception, mal être, le pessimisme humain est en quelque sorte à son apogée. Les scènes sont tintées d'étrange, inquiétantes. Le climat hostile semble se liguer à la morosité des esprits.
On ressent l'empreinte "Sukkwan Island", peut-être un peu trop d'ailleurs. Ok, Vann explore une fois de plus l'Alaska et son second roman se présentent en complément du premier. Nombreux thèmes y sont ré-abordés (le suicide par exemple) mais loin de la redondance, sont traités différemment.
J'espère juste que Vann, auteur de talent à mon goût, ne se laissera pas tomber dans la facilité, à puiser dans le filon "du grand Nord" jusqu'à épuisement et saura se renouveler à temps.
Difficile, en tout cas, de résumer ce roman, qui malgré sa trame simple, se faufile dans plusieurs directions afin d'explorer au plus profond la psychologie, l'état d'esprit des personnages et d'expliquer, ou tenter de donner une logique à leur comportement (pourtant si humain).
Deux bémols cependant.
Je dois avouer, à plusieurs reprises, m'être un peu ennuyé. Peut-être est-ce dû au fait que l'auteur décrit tellement bien la nature et les éléments, dans leur furie comme dans le calme, que le temps semblait parfois s'être arrêté. Comme si plus rien ne se passait, juste le silence et l'immobilité.
La fin aussi, m'a quelque peu "déçue". Certes, je ne m'attendais pas (et ne souhaitais sûrement pas) un "happy end", mais je n'avais pas pensé à ce que les choses "finissent" de cette manière...
'Désolations' n'en reste pas moins l'un des titres phares de cette rentrée littéraire 2011. Alors si vous avez aimé 'Sukkwan Island' n'hésitez pas un seul instant !