La possibilité d'un livre
En quelques lignes se dessinent une histoire, un personnage, une situation, puis sans prévenir débute un nouveau récit. Effet auto-tamponneuse garanti. Deux cents et quelques commencements, donc, s'emboîtant les uns dans les autres pour procréer des possibilités d'histoires, engendrer des phrases, accoupler des mots, voilà le programme endiablé de ce livre. Roman ? Poésie ? Ecriture automatique ? Peu importe, avec ce concept jubilatoire on touche à la quintessence de la littérature.
Le verbe et l'imaginaire sur un piédestal ; le sens, lui, bousculé, malmené mais vaillant, on peut parler ici d'expérience de lecture (illisible diront forcément les mauvaises langues). Mais "Deux cents et quelques commencements..." est avant tout un plaisir à déguster, merveilleusement écrit, tout en finesse, en savoir et en phrases ciselées. A l'ère du zapping et de la presse gratuite, proposer quelques deux cents promesses de roman en moitié moins de pages tient du coup de génie.