Hymne à la vie simple

Retour de lecture sur “Deux femmes et un jardin” un roman de Anne Guglielmetti publié en 2021. Ce livre raconte l’histoire d’une femme un peu asociale, d’un certain âge, Mariette, fatiguée par des années de travail, qui quitte Paris et son emploi de femme de ménage pour s’intaller dans une vieille bicoque de l’Orne qu’elle a hérité contre toute attente. L’installation, en plein hiver, dans cette maison n’est pas évidente, le confort est plus que rudimentaire et elle devra apprendre à y vivre, à la faire fonctionner, cela en étant accompagnée de ses seuls fantômes. Mais peu importe les difficultés, c’est sa propre maison, et c’est la première fois qu’elle en possède une, alors qu’elle a toujours vécu dans une chambre de bonne. Lorsque le printemps arrive, elle découvre à l’arrière de cette maison, un jardin, qui n’est alors qu’une friche, et qu’elle apprendra également à apprivoiser et rendre vivant petit à petit. Un jour apparaît la fille des voisins, Louise, une adolescente qui, s’ennuyant pendant ses vacances scolaires, cherche à s’occuper. Lors d’une visite dans son jardin elle fait la connaissance de Mariette, et la voyant démunie lui prête son vélo. Une amitié surprenante et totalement improbable va alors s'installer entre ces deux femmes, d’une toute autre génération, qui n’ont pas grand chose à se dire. Accompagné de ces deux personnages on assistera à la renaissance de ce jardin, ce lieu longtemps à l’abandon,et pour lequel l’auteure avec son écriture très poétique rendra toute sa beauté. Ce jardin deviendra alors un personnage à part entière de ce roman, et formera avec les deux précédents le trio évoqué dans le titre. Le livre parle également de manière indirecte du mépris de classe envers cette femme modeste, que ce soit de la part de ses anciens employeurs ou de manière moins nette par le père de Louise. Sa nouvelle vie prend ainsi un aspect réparateur dans cet univers où elle vit désormais chez elle, pour elle, en osmose avec la nature. C’est un roman très court, d’une centaine de pages, qui se lit très facilement. Un livre d’une très grande douceur, avec une ambiance très surannée et contemplative. Guglielmetti arrive à rendre ses personnages particulièrement attachants, il y a beaucoup de pudeur, d'amitié, de respect, dans leur relation malgré leurs personnalités, leurs vécus, leurs âges, qui sont totalement différents. C’est une lecture qui nous sort de notre quotidien et nous emmène dans la campagne normande, en pleine nature, au milieu des marguerites, des pâquerettes, entre un châtaignier et un marronnier. L’histoire est très simple et racontée avec beaucoup de douceur et de délicatesse. Ce n’est certainement pas le roman du siècle, mais un moment de lecture très poétique, particulièrement agréable. Un court roman, très touchant et sympathique.

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“Au-dessus de cette prairie, le marronnier ouvrait ses candélabres roses dans le vert sombre de son feuillage. D'une haie à l'autre, lilas et seringas en fleurs embaumaient, et leurs lourdes senteurs portées par un souffle de vent étaient soudain fouettées par la senteur poivrée d'une touffe de menthe, piétinée par mégarde.”