Dimension Jean-Pierre Hubert par rmd
Après Alain Dorémieux, c’est à Jean-Pierre Hubert, disparu en 2006, que Rivière Blanche s’attaque en publiant une anthologie de ces meilleurs textes courts. Copieux volume de plus de 400 pages et composé de seize nouvelles (alors que le premier recueil de l’auteur, roulette mousse (présence du futur, 1987) n’en contenait que six), d’une préface de Daniel Walther, d’une bibliographie complète signée Alain Sprauel et enfin de la reprise d’une longue interview de Jean-Pierre Hubert (Bifrost n° 33), ce Dimension est composé principalement de textes parus dans diverses anthologies ou revues et représente une occasion unique de découvrir un écrivain peu réédité.
Sur des thématiques situées entre Jean-Pierre Andrevon (écologie, monde post-apocalyptique) et James Ballard (onirisme et surréalisme), ce recueil livre une dizaine de récits de très grande qualité. A coté de variations réussies sur des sujets classiques (notamment le voyage dans le temps dans navigation en tour close ), d’autres textes ( Tout au long du pays de l’eau , Gélatine , Pleine peau , Disciple , Les quais d’Orgame ) sont autant de pépites représentatives d’une voix profondément originale. Entre errances dans des territoires désertés et questionnements métaphysiques, JP Hubert s’attache à des personnages perdus, énigmatiques, voire torturés. Certes l’ambiance est globalement à la mélancolie, mais les incursions de l’auteur dans le fantastique ( Le trou de 8 ) ou la fantasy parodique ( Décaleur de réalité ) sont autant d’occasions de passer dans l’absurde et l’humour. Seuls deux ou trois textes sont un ton en dessous et ne doivent leur présence qu’à la volonté de l’anthologiste de donner une vision globale du travail de l’auteur.
Plus qu’un recueil de nouvelles, Dimension Jean-Pierre Hubert est un véritable hommage à l’immense talent d’un auteur dont on peut regretter que son œuvre n’ait pas rencontré un plus grand succès. Remercions Rivière Blanche et Richard Comballot de le rappeler à nos mémoires.