Sur sa faim

Sur fond de seconde guerre des Boers (1899-1902), un écrivain se rend sur les lieux du conflit, pour mieux en ressentir la réalité. Alors qu'il arpente le Veld en compagnie des soldats britanniques une tragédie personnelle le ramène auprès des siens. De là s'ensuit un retournement complet de sa psychologie. De passionné du conflit, fervent soutient de la politique coloniale britannique, il en devient critique. La presse qui glorifie à outrance les exploits de l'empire perd de son lustre. La victoire finale est pour lui une quasi défaite. Est-ce une victoire décisive de l'Empire Britannique d'avoir maté quelques fermiers à l'aide de 300000 soldats lourdement armés dont plusieurs milliers ne reviendront pas ?

Ce quatrième Goncourt (1906 - le roman lui date de 1902), est cependant décevant. On y lit sans trop de peine la caricature de l'Empire Britannique réalisé par les frères Tharaud. Comme toujours pour l'époque, le colonialisme est indissociable de l'esprit contemporain. Aucune allusion, quasiment aucune trace des africains dans le roman, tout juste un passage citant un "nègre" (sic). Non, il s'agit d'une guerre entre colons hollandais et militaires anglais. Point.

Le style n'est pas facilitant quoiqu'on s'y fasse relativement rapidement. La plongée dans le corps armé britannique, l'importance du télégraphe, du chemin de fer, est une expérience enrichissante qui permet de vivre certains aspects de cette époque... épique. Un peu de Far-West dans le Far South.