Le déclin de Philippe Djian n’est plus une spéculation mais une réalité et cet opuscule le prouve. C’est un lent effacement de l’intérêt au profit d’une liturgie de la vie dans sa plus ennuyeuse banalité. Djian a toujours eu ce penchant mais il était contrebalancé par des paragraphes surprenants et détonants. Ici, il n’y a qu’un gouffre béant et un vide abyssal. Une absence de ponctuation et des dialogues internes au récit qui entérinent un peu plus la platitude de la narration.
Et le style, seul bouée de sauvetage du roman, la grande affaire terminale, l’obsession dépouillée de tout autre artifice n’est pas au rendez-vous . Djian s’essouffle et perd peu à peu son génie. Fatigué, vieillissant, il livre les derniers colis d’une âme qui n’a plus grand chose à dire. Plus rien ne fait rebond, n’excite le neurone ou ne stimule le lecteur apathique que nous devenons.
C’est juste l’histoire de Myriam et des vingt premières années de sa vie d’adulte, morne, éthérée, sans aucune expression de fantaisie ou de panache, sans aucun moment de gloire, fut-il le plus minime possible.
Pour conclure, Djian avait relevé le niveau avec « Oh… » avant de s’effondrer par palier avec « Love song » et « Chéri-chéri », et finir au niveau le plus élémentaire de la littérature, l’ennui et le néant et sans aucune théorisation de ce qui aurait pu être une volonté d’intellectuel, c’est juste un ratage.
Il ne suffit pas d’introduire drogues et adultères dans la vie du personnage principal pour lui donner une quelconque saveur lorsqu’on la traite avec la distance propre aux fantômes des mauvais livres.
Mais tout cela ne m’empêchera pas de lire le prochain Djian, ma fidélité reste intacte.
Samuel d’Halescourt