Retour de lecture sur "Dites aux loups que je suis chez moi" de Carol Rifka Brunt publié en 2012 aux Etats-Unis. C'est l'histoire de June, une adolescente rêveuse qui vit une relation difficile avec sa grande soeur, et qui adore son oncle Finn, un grand peintre reconnu, qui l'initie à l'art. Lorsque son oncle meurt du sida, une tragédie pour elle, apparaît Toby, l'ami de celui-ci, et une nouvelle relation se noue entre cette fille et cet ami, avec le souvenir de l'oncle en arrière-plan. Ce livre décrit de manière superbe le milieu des années 80, la vie de famille dans une banlieue du New Jersey, et l'apparition de cette maladie à l'époque honteuse. Tout le long de ce livre on sent son ombre, la méconnaissance liée à celle-ci, et la paralysie de toute une société qu'elle a pu entraîner à ses débuts. Mais le sujet principal du livre n'est pas le Sida, c'est avant tout un livre sur l'adolescence. C'est un très beau roman d'apprentissage, avec cette adolescente qui essaye de comprendre et qui subit les choix relationnels qui ont été faits par les adultes, notamment sa mère. C'est aussi un roman sur l'amitié, l'amour et la famille. Les relations entre les différents personnages sont superbement bien décrites et très touchantes, tout particulièrement celles entre les deux soeurs et son évolution tout au long de l'histoire. Une des principales qualités de ce livre réside dans la capacité de l'auteure à raconter avec beaucoup de tendresse et de subtilité les états d'âmes de cette adolescente, notamment lors de la phase de deuil ou lorsqu'elle est confrontée à des décisions d'adultes. Comme toutes les ados, June est complexée, naïve, peu sûre d'elle, en admiration devant sa grande soeur, mais elle est surtout très attachante. C'est le personnage principal de ce roman, et c'est elle qui fait qu'on y plonge sans retenue et avec enthousiasme. Un livre qui nous pousse également à la réflexion sur les conséquences de décisions radicales susceptibles d'être prises lors des crises de famille. Il rappelle bien que dans ces cas, le temps ne se rattrape jamais et qu'il y a toujours des dégâts collatéraux. Un livre bouleversant et une très belle réussite de Carol Rifka Brunt pour son premier roman.