105 courtes pages, dont 12 sur l'enterrement d'un chien, 16 sur une bataille de coups de boule entre légionnaires et 21 sur un trajet en taxi. Une farandole d'anecdotes, pas trop mal racontées, mais insignifiantes. Un lyrisme insatiable, qui n'impressionne plus personne au bout du compte. Des vérités sur la violence crue du monde, sur son absurdité, mille fois entendues. Une fascination pour les bordels et les bagarres avinées. Fallait il consacrer autant de soin à nous répéter inlassablement qu'il fait chaud à Djibouti ? Deram ne semble pas croire a l'intérêt de s'équiper d'un scénario avant d'écrire, semble croire qu'il suffit d'un carnet de voyage léché et décousu pour faire un roman. Raté.
Comme Deram pense très peu, on trouve souvent les mêmes phrases : "Enfants de la violence et de la beauté" ou "pays de malheur". Et les cinq dernières pages ne suffisent pas à racheter le livre.
J'ai vécu à Djibouti. Deram en parle avec son biais, avec son biais pour la canaille et le nihilisme. Une émotion nous touche parfois : c'est pour mieux l'écraser. Il est pris de vertige. Deram ne cesse de souhaiter à l'humanité qu'elle retourne au néant : ce ne serait que justice que son livre y retourne aussi.