Un début très... étrange, pour moi. J'admets que je ne m'attendais pas à ce genre de lecture. Ida – ou Dora – est complètement barrée et le prouve à chaque chapitre. Vulgaire verbalement parlant (quoique normal à sont âge), souvent obscène, parfois auto-destructrice et clairement dans la provocation. Elle va toujours plus loin, trop loin, pour choquer, et elle se fout de ce que ça implique.
Ida/Dora m'a d'abord mise mal à l'aise, et très vite j'ai compris ce qu'elle était. Par le même coup, j'ai compris de quoi parlait essentiellement ce livre : d'enfants brisés, par leurs parents le plus souvent. Ida/Dora, Obsidienne, Little Teena, Ave Maria, Marlène : ils ont tous en commun cette chose qui a détruit une partie d'eux et qu'il est impossible de réparer. Parce que les adultes, leurs familles, n'ont pas été fichus de les protéger ni avant, ni après. Ida/Dora continue de subir, avec pour seuls soutiens ses amis. Ça m'a particulièrement touchée ; je pense qu'on a tous plus ou moins été blessé par notre famille, ici on est dans l'extrême, et c'est douloureux. Ça fait mal, ça révolte, ça donne envie de tout cramer. C'est là que ce livre est puissant, ce sentiment que nous connaissions si bien étant enfants, ce sentiment d'injustice et d'impuissance qui nous bouffe, à attendre la liberté : la majorité. Ida/Dora décide de ne pas laisser le monde l'écraser davantage, en se foutant royalement des règles.
Ce roman peut parfois – souvent – choquer, mais c'est parce qu'il choque qu'il tient les lecteurs jusqu'au bout. La syntaxe générale m'a parue bizarrement foutue, mais l'histoire en vaut le détour !