Ces livres qui ne devraient jamais voir le jour
Dans cette suite l'oeuvre de Bram Stoker a tellement été massacrée que je me demande comment Bram ne s'est pas relevé de sa tombe pour venir lui-même gifler cet arrière petit neveu plus que mal-habile.
Après un avant-propos mièvre sur les recherches accomplies et le travail acharné pour rester fidèle à l'oeuvre originale je me plonge donc dans le roman. Il ne me faut que quelques pages pour me rendre compte avec désarroi qu'en réalité l'auteur mélange le livre et le film de Coppola... ah la boulette car, même si le film est très bien, l'histoire n'est plus vraiment la même (certes la trame de fond vampirique reste inchangée mais l'histoire d'amour entre Mina et Dracula c'est tout de même une nouveauté). Pour quelqu'un qui prétend respecter l'oeuvre originale c'est plutôt raté (un peu comme ce gens plein d'assurance sur le verglas qui finissent quand même par glissouiller dans une posture ridicule).
Malgré cela je continue ma lecture et découvre des personnages qui vacillent entre le ridicule et le franchement minable. On prend les mêmes et on recommence mais malmenés par les années et hantés par le souvenir du monstre transylvanien ils sombrent dans l'alcool, la drogue, la folie (pas tout en même temps rassurez-vous), le dénie et j'en passe. Et que dire des petits nouveaux Ô combien croustillants. Commençons par Quincy Harker, le rejeton des Harker (du moins c'est ce qu'il croit) jeune artiste et rebelle de surcroît qui dans sa quête de la vérité mettra à chaque fois les pieds où il ne faut surtout pas. Ensuite l'Inspecteur Cotford (personnage soi-disant retiré de l'oeuvre originale par l'éditeur à l'époque) qui tente d'élucider de mystérieux meurtres et Bram Stoker metteur en scène de théâtre qui essaie en vain de monter "Dracula" (mettre en scène la pièce "Dracula" bande de pervers!!!) et qui au bout du compte ne sert pas à grand chose. Et puis (on garde toujours le meilleur pour la fin) Elizabeth Bathory vampire comme Dracula bien entendu... ... ... et alors là on se demande "Mais qu'est-ce qu'elle vient faire là?" et par une pathétique pirouette scénaristique Dacre Stoker nous répond qu'Elizabeth Bathory n'est autre que Jack l'Eventreur (rassurez-vous on s'est tous étouffé qu'on a lu ça la première fois). Quant à Dracula il est toujours là et bien vivant comme quoi c'est increvable un vampire : même décapité tout baigne!
Nous voilà donc avec un Bram Stoker bien embêté d'avoir autant de personnages "hauts en couleurs" sur les bras. Qu'à cela ne tienne il se débarrasse de la moitié des humains inutiles durant la première moitié du livre, voilà déjà une bonne chose de faite! Et pour ceux qui restent les heures sont comptées. Au bout du compte après moult péripéties il n'en restera plus qu'un (et non ce n'est pas Christophe Lambert!!!) mais je ne vous dirait
pas qui pour ne pas vous gâcher le plaisir Ô combien immeeeense de découvrir la fin par vous même.
Quand on pense que ce roman a reçu l'approbation de la famille Stoker nous somme en droit de nous poser quelques questions : "C'est pas possible ils ne l'ont pas lu?!", "Cette famille a peut-être des problèmes d'argent?", "Dacre ne les aurait-il pas menacés?". Dernière hypothèse : Dacre Stoker est le dernier des Stoker vivant de ce fait il n'a plus besoin de sa famille pour approuver son livre!!!
En bref l'histoire ne tient pas la route (on frôle l'anachronisme avec Jack l'Eventreur), les personnages sont massacrés dans tous les sens du terme, le style d'écriture ne vaut vraiment pas celui de Bram Stoker. On reste donc sur sa faim après une fin (faim-fin fallait le faire) mi-figue mi-raisin qui n'augure rien de bon (pitié nous infliger une suite relèverait de l'inconscience!).
Avis aux amateurs de vampires : fuyez, n'approchez surtout pas ce livre (ce n'est pas non plus une raison pour vous rabattre sur Twilight!!!), aux amateurs de gore : passez votre chemin il n'y a rien à voir : les scènes sanglantes se font tellement rares qu'on finit par les trouver presque inadaptées, aux amateurs de Dracula : il n'y avait bien que Kamel Ouali pour faire pire que Dacre Stoker, aux amateurs de lecture en général : rabattez-vous sur le premier Dracula (de Bram Stoker) car c'est le seul à valoir le coup d'être lu.