♪♫ I dream, I groove like Mike ♪♫

Jack McCallum, alors journaliste à Sports Illustrated, a eu l'immense honneur de couvrir l'âge d'or de la NBA, et donc de la Dream Team, et il nous raconte ici la genèse de cette équipe, des prémices jusqu'au couronnement en 1992 à Barcelone pendant les Jeux Olympiques.


L'introduction est forcément un peu moins classe que celles NBA, il manque l'obscurité, la tension, la pression, les frissons (et dans ce domaine, les Bulls 90's étaient encore les meilleurs) mais quand même, ça en imposait beaucoup.


Le speaker est assez sobre : And now, the United States of America [...] The head coach, Chuck Daily


Puis vient l'entrée une par une des joueurs, toujours annoncée :


The roster of United States


a 6'11'' Forward, Christian Laettner
a 7'1'' Center, David Robinson
a 7'0'' Center, Patrick Ewing
a 6'8'' Forward, Larry Bird
a 6'7'' Forward, Scottie Pippen
a 6'6'' Guard, Michael Jordan
a 6'7'' Guard, Clyde Drexler
a 6'8'' Forward, Karl Malone
a 6'1'' Guard, John Stockton
a 6'7'' Forward, Chris Mullin
a 6'6'' Forward, Charles Barkley
a 6'8'' Guard, Earvin Magic Johnson


Et là, forcément, on se dit que c'est la plus grande équipe jamais montée, tous les meilleurs joueurs, à l'exception de l'universitaire Christian Laettner, qui fera tout de même une honnête carrière en NBA, étaient là, ainsi que les symboles, à commencer par Larry et Magic, qui avaient sauvé la ligue dans les années 1980, mais surtout Jordan, qui était alors au sommet, tant sportivement que médiatiquement. Plus jamais une telle équipe ne sera annoncée, et si les USA ont eu quelques grosses équipes depuis, notamment 2008 et 2012, il n'y avait pas tous les meilleurs, et surtout, n'étaient pas, à ce point, mythiques, avec que des gars qui finiront quasiment tous au Hall of Fame.


Si on veut pinailler, on pourrait dire que Isiah Thomas, magistral meneur des Bad Boys de Detroit qui s'était brouillé avec des gars importants, comme Jordan, Pippen, Bird voire Malone (qui lui avait d'ailleurs foutu un violent coup de coude en plein match, et personne ne souhaite recevoir un coup de coude de Malone, surement l'un des joueurs les plus physiques de l'histoire) aurait pu être là. Après coup, on se dit qu'à son poste, c'est Magic et John Stockton, voire Clyde Drexler si on décale à celui d'arrière, et qu'on ne perd pas vraiment au change, même si c'est vrai que les plus belles années du meneur de l'Utah Jazz seront après les Jeux Olympiques.


Si on en revient au livre, c'est incroyable la façon dont il est à l'image de cette équipe, il envoie du rêve, on se retrouve plongé dans cet âge d'or de la NBA, avec des personnalités hors du commun mais finalement terriblement humaines, on est plongé dans une époque où les réseaux sociaux n'existaient pas, avec des rapports entre joueurs et journalistes totalement opposés à ceux de maintenant. Ce qui est génial avec la plume de Jack McCallum, c'est qu'on a l'impression d'être l'un de ses assistants, de le suivre durant ces événements et rencontres, il nous parle directement, et ce en évitant toute lourdeur, avec une certaine finesse dans la retranscription ainsi qu'un ton léger, se rapprochant d'un délicieux flegme britannique.


On peut aussi apprécier la construction du livre, qui ne se contente pas de suivre chronologiquement les événements, surtout dans sa première partie. Il s'attarde d'abord sur chacun des joueurs, avec interviews et anecdotes à la clé, préférant les décrire avec des faits ou des petites choses de leur vie plutôt qu'avec un côté wikipedia, et c'est bien mieux comme ça. De la sélection, où il a fallu faire des choix compliqués avec des joueurs devant mettre leur ego de côté, à Barcelone, en passant par le coach Chuck Daily, celui qui avait emmené les Pistons au sommet, les matchs amicales entre les joueurs (dont l'un, particulièrement mémorable entre l'équipe de Jordan et celle de Magic à Monaco), le comportement de chacun (David Robinson et Charles Barkley étant, je trouve, les plus passionnants), Dream Team est rempli de pépites et de passages croustillants pour tout amateur de ce sport.


La force de Dream Team ne se trouve pas seulement dans la façon dont il va rapporter les faits de ces différentes étoiles, mais aussi dans les impressions toutes personnelles de l'auteur. Il en livre d'abord sur les joueurs eux-mêmes, mais aussi sur le jeu et l'avenir, à l'image de ce terrible passage relatant la déchéance des équipes olympiques américaines après 1992, jusqu'à la chute au début des années 2000 où ils ne gagnent ni les championnats du monde 2002 et 2006, ni les Olympiades à Athènes de 2004, mais aussi, l'influence de cette équipe mythique, devant laquelle Pau, Dirk ou encore Tony ont pu rêver.


En plus d'avoir l'impression de se retrouver avec les joueurs, que ce soit sur le parquet ou dans les hôtels, Dream Team propose une immersion dans la vie de ces idoles après leur retraite, avec des petites anecdotes révélant vraiment qui ils sont, surtout leur état d'esprit. Jack McCallum sachant saisir la personnalité de chacun, et surtout ayant eu l'occasion d'être proche d'eux, et retranscrire génialement quelques banalités sur eux, à l'image de l'importance des parties de golf pour Mike, le rôle de capitaine qui tenait à cœur, parfois un peu trop, à Magic alors que Larry s'en foutait, les improbables amitiés comme celles entre Pat Ewing et Bird et bien d'autres encore.


Jack McCallum relate magistralement son expérience de la Dream Team et des icônes l'incarnant, nous emmenant au plus près de ces gars, avant, pendant et un peu après les J.O. et nous donne l'impression de vivre cette expérience, avec passion, humour et finesse.

Docteur_Jivago
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Lecture depuis mon arrivée sur SC (Roman)

Créée

le 16 mars 2018

Critique lue 298 fois

7 j'aime

4 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 298 fois

7
4

D'autres avis sur Dream team

Dream team
easy2fly
9

Une équipe qui vend du rêve

Après les Onze Titres NBA de Phil Jackson, puis Michael Jordan The Life de Roland Lazenby, les éditions Talent Sort nous régalent à nouveau avec Dream Team de Jack McCallum. En 1992, la Dream Team...

le 1 juil. 2016

1 j'aime

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

172 j'aime

35

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

165 j'aime

53

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

152 j'aime

34