Anthropologue et sociologue, spécialiste du corps socialisé et de ses blessures, lui-même plutôt taiseux, David Le Breton se glisse dans les interstices de la parole et du bruit à la recherche du silence et de toutes ses significations. La première partie est passionnante : il y parle du silence dans la société occidentale contemporaine, raréfié par la peur du vide et le besoin de communication incessante. Plus la communication est présente, plus la parole perd de son sens.
Dans la majorité des sociétés occidentales, le silence est un défaut de conversation, qui doit être rapidement comblé et dont nous connaissons les ruses d'évitement, mais d'autres peuples, d'autres cultures, considèrent le silence comme naturel et non gênant, car tout ne peut ou ne doit pas être exprimé. Silence face à une nature pleine et bruyante ou conversation visant à éloigner les mauvais esprits d'un environnement hostile, l'auteur décortique les pratiques du silence.
Une partie du livre est consacrée à la place du silence dans le sacré, la religion, les rites mais ce sont les confrontations sociologiques du silence dans des cultures très éloignées qui sont particulièrement intéressantes. L'exhaustivité du livre, qui veut montrer toutes les facettes du silence et toute ses significations rend certaines parties un peu fastidieuses, notamment celles sur la religion.
Du silence est l'occasion de porter plus d'attention à notre propre pratique du silence, notre peur éventuelle du vide face à lui et la manière dont nous pouvons l'apprivoiser pour redonner plus de sens à nos paroles.