Comme annoncé, cet ouvrage regroupe les les textes les plus connus de Galbraith.
L'impression de lire un lycéen très facile se suit sur tous les textes. Galbraith fait de l'économie une discipline somme toute facile à saisir grâce à sa vulgarisation efficace.
Comme c'est un regroupement de 6 ouvrages, il y a souvent des répétitions.
Le premier texte est de loin le plus intéressant, en effet, cette Anatomie du pouvoir met de côté les trivialités mathématiques de la discipline pour revenir au fondamental, à savoir la problématique politique ; ainsi le pouvoir via la dissuasion, la rétribution ou la persuasion (et voila la publicité, enfin un économiste qui en parle) et qui va être d'une nature personnelle, propriétaire ou organisationnelle régente le monde et donc l'économie. Ca reste très théorique, quelques exemples allant plus loin que le simple POTUS aurait enrichi le débat comme le contexte : on pourrait ainsi séparer des systèmes entre petites entreprise où le libéralisme peut s'appliquer et les grands conglomérats où la collusion avec la politique devient incontournable.
S'en suit une brève histoire de l'économie avec une distinction intéressante qui mérite d'être signalée : capitalisme mercantile (celui des guildes, des princes marchands vénitiens ou d'Amsterdam jusqu'à la célèbre compagnie des indes orientales) et capitalisme industriel. Adam Smith en célébrant le soit-disant laissez-faire voulait surtout taper sur le premier qui n'hésitait à mettre moult règlementation en place pour défendre ses intérêts. Le deuxième que nous connaissons aujourd'hui via son lobbyisme efficace n'existant pas encore à l'époque et n'a pas manqué de louer ce dernier pour cette raison.
Galbraith s'arrête sur l'organisation contemporaine qui bénéficie du plus de pouvoir : l'armée (rappelons qu'encore aujourd'hui bon nombre de pays sont encore des dictatures militaires dont peut-être les USA du fait qu'elle reste le budget fédérale le plus important).
Outre la problématique de lutte des classes, Galbraith mentionne le couple Marx/Hegel pour l'amorce d'une évolution du monde en suivant une logique dialectique.
L'histoire de l'économie, sinon, est assez rasoir, la darwinisme social appliqué à l'économie est un point de vue à pleurer ("si vous êtes riches, c'est que vous le méritez et c'est ce qui justifie votre supériorité sur autrui").
L'euphorie financière est assez triste car on s'aperçoit que l'histoire financière n'est qu'une suite de boom et de krach, l'effet de levier est un peu vite expliqué, mais on sent bien les points communs qui ont secoué la vie économique des tulipes hollandaises jusqu'à 1929 (Galbraith était déjà décédé en 2008).
La république des satisfaits navigue entre deux problématiques, une première qu'on pourrait résumer par la citation de Camus : "la démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité", on est spectateur de ce biais tous les jours que ça s'applique avec la religion, le régime alimentaire, la couleur de peau, les travailleurs/chômeurs, à chaque fois, une majorité de par sa majorité se trouve confortée dans sa légitimité et en profite pour écraser une minorité ; la seconde, plus propre aux USA et qui désole Galbraith est l'absence d'une vision de classe, là-bas, riches et pauvres n'existent pas, par conséquent dès qu'on aborde la politique fiscale, leur modification s'envisage pour l'ensemble de la population, ce qui soulève un blocage unanime.
Cela dit, cette république des satisfaits revient peut-être juste à l'essor de l'individualisme que beaucoup de philosophes de comptoirs se plaisent à observer depuis 50 ans. En résumé, c'est donc la majorité bourgeoise qui pour protéger ses privilèges se transforme en une force conservatrice.
Galbraith en profite, une nouvelle fois, pour signaler et attaquer le département tranquillement oublié par cette politique : la défense.
Le dernier ouvrage, pour une société meilleure, reste tristement faible et sans réelle vision ce qui permet de voir une nouvelle fois qu'en économie, il n'y a pas grand chose de nouveau sous le soleil.
On attendait des solutions un peu plus concrètes hormis juste plus d'argent pour aider les plus pauvres, les problèmes de dettes ne sont pas du tout abordés et le reste demeure dans le grande généralité, on est ainsi confortés dans une vision élémentaire de l'économie, il n'y a rien sur les annulations de dette, rien sur la décroissance, rien sur un salaire à vie ou un revenu minimum universel. On ne trouve rien non plus sur la cruciale gouvernance des moyens de production.
Concernant les conseils aux pays en développement, Galbraith reconnaît la main-mise des entreprises transnationales sur leurs économies. Galbraith recommande un investissement fort dans l'éducation, sans mentionner que les jeunes diplômés se dépêcheront d'aller dans les pays développés réduisant à néant l'investissement dans les universités.
Si l'ouvrage se lit bien pour des pures néophytes et ouvrira des pistes intéressantes de réflexion, les lecteurs plus érudits sur la question économique peuvent passer leur chemin.