En plus de ses peintures, Edvard Munch a laissé des milliers de manuscrits (contes, correspondance, poésies, pensées…) : Ecrits propose une sélection de ses textes, comme une plongée dans la psyché tourmentée d’un artiste à part. On y trouve des perles de réflexion sur sa production artistique, sur le statut de l’artiste ou sa vision de la peinture.
Edvard Munch repasse inlassablement (en témoignent les répétitions) sur les thèmes qui le fascine : la Mort, les impressions fugaces que laissent imprimées dans l’esprit des moments de la vie (la façon dont la peinture du Cri s’est imposé à lui vaut le détour), le mouvement et l’énergie dans toute chose, mais aussi les progrès techniques de son époque (électricité, ondes radiophoniques) qui appellent le développement de sa vision symboliste autour de l’invisible et du psychisme. Ses fragments sont des sortes de flux de pensée, il n’y a pas chez Munch le souci d’organiser clairement sa réflexion, et les thèmes vont et reviennent inlassablement, comme des obsessions qui s’affinent au fil du temps. On a l’impression de lire un journal intime, qui ne s’embarrasse pas d’une belle prose ou d’un argumentaire circonstancié : Munch a des intuitions, des élans de coeur, et il les a consigné pour notre plus grand bonheur.
Dommage par contre que ces perles de réflexions ne constituent qu’un quart du livre. On a aussi droit à des comptes et poésies médiocres voire puériles, qui ont, je trouve, peu d’intérêt. Difficile de croire que Munch aurait souhaité que ces ‘’brouillons’’ soient publiés. Quel artiste attachant néanmoins, j’ai été touchée par sa personnalité tourmenté et hors norme.