Critique de Ecryme par Sylene
Un livre de base qui se lit comme un roman, c'est assez rare, mais quand on en trouve un comme celui-ci, c'est un plaisir, surtout que la plume de Mathieu Gaborit est très agréable.
Par
le 20 sept. 2011
Écryme est, je crois, le seul jeu que j’ai acquis après lecture d’un scénario (en l’occurrence l’excellent Les automates rêvent-ils de cités mécaniques ?, signé de l’un de ses deux coauteurs Mathieu Gaborit et paru à l'époque dans Casus Belli). Il me fallait absolument le jeu permettant de mettre en scène cette aventure !
C’est un jeu très littéraire, y compris dans sa rédaction maniérée (jusqu’à la présentation des règles qui s’inscrit dans l’univers de jeu), ce qui lui a parfois été reproché alors que je trouve que cela contribue à son identité, et qui renvoie notamment au roman d’aventure et au roman populaire, d’Alexandre Dumas à Jules Verne en passant par Gaston Leroux.
L’univers d’Écryme est à la fois mystérieux (l’apparition soudaine de l’Écryme dont le souvenir se perd dans l’Antécryme, les Céphales aux étranges pouvoirs), sombre (l’Écryme ronge littéralement un monde qui semble voué à disparaître dans ses eaux mercuriennes et acides) et en même temps plein de panache et d’espoir, de traverses lancées à l’aveugle pour relier les parties isolées du monde et d’inventions farfelues et audacieuses pour le parcourir et trouver de l’espace vital. Le cadre rêvé pour un furieux récit d’aventure (le jeu est sous-titré ‘la geste des traverses’) dans lequel inscrire la destinée des personnages joueurs.
Si l’univers séduit par son originalité (la juxtaposition entre une inspiration historique qui s'étend de l'ancien régime à la révolution industrielle, doublé d'un aspect quasiment post-apocalyptique et au cœur du jeu l’Écryme qui lui donne son titre) et sa proximité culturelle avec la culture populaire qui le rend en même temps familier et facile à prendre en main, le jeu échoue à proposer un système de jeu potable (ou même tout simplement jouable). Il apparaît même probablement cassé dès la lecture, ce que la première partie confirme aussitôt. Le maître de jeu devra prévoir un peu (ou beaucoup selon ses exigences en la matière) de boulot de ce côté-là, et ce même s’il a le test rare.
Par ailleurs il faut accepter la poésie de l’univers et suspendre son incrédulité. Malgré l’esprit ‘scientiste’ très présent à la lecture de l’ouvrage, la crédibilité de l’univers s’effondre vite si on gratte un peu. Le mot élégant ou la belle idée sont ici une meilleure explication du monde que la raison.
L’édition originale était sympathique mais un peu fauchée et frustre et je salue le chouette boulot réalisé sur la réédition participativement financée. L’univers a quelque peu changé, en mieux ou en moins bien chacun jugera. Pour moi c’est toujours le même chouette jeu mais en pas pareil (moins naïf et spontané peut-être mais sensiblement plus abouti).
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Créée
le 4 mars 2021
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