Dans ce petit roman jeunesse tout en lumière et en prose, Simon Boulerice nous invite dans le quotidien d'Henry, 11 ans, grand-frère d'un jeune garçon de 7 ans, Edgar, qui à bien des égards, détonne des enfants de son âge. Edgar a un trouble ( qui ne sera pas spécifié dans le roman) et cette différence semble rendre les parents des garçons plus permissifs et tolérants à son endroit. En effet, Edgar possède une énorme collection de costumes, à point tel qu'il occupe la plus grande chambre juste pour y ranger son attirail. On lui permet de porter ses costumes tous les jours, de manger des Oh Henry quand il veut et NON ne semble pas une réponse envisageable pour Edgar. Henry, surnommé "Oh Henry", trouve la vie bien injuste, lui qui se voit vivre dans l'ombre d'un petit-frère exubérant, qui s'exprime en poèmes, raffolant des paillettes, très théâtral et créatif que tout le monde adore ( selon lui). Au contraire, Henry s'exprime peu et tente de le faire en suivant des cours de théâtre. À sa grande consternation, on lui refile le rôle de "dentiste", soit le métier de ses deux parents, à des années lumières du rôle flamboyant de "fée" que revêt Edgar. Et quand Edgar perd sa dernière dent, Henry y voit l'occasion de se venger de son accaparant petit-frère en la lui volant. Mais il ne se doutait pas que cela n'empêcherait pas la Fée des dents de venir visiter son frère.
Petit récit légèrement fantastique, cette histoire prend comme thème principal le vécu d'une famille dont l'un des membres est gentiment atypique. Edgar est un personnage adorable, peut-être très épuisant, mais rempli de joie de vivre et débordant de créativité. Avec son amour des paillettes, je me disais même qu'il ferait une sublime Drag Queen. Il a d'ailleurs cet amour inconditionnel des costumes, peut importe à quel genre traditionnel il se rapporte.
C'est aussi l'histoire d'Henry, l'ainé qui semble se fondre dans le décor, parce que son cadet demande beaucoup d'attention - trop peut-être? Parfois on peut comprendre Henry, dont certaines décisions parentales sont en effet questionnables - notamment cette histoire de chocolat le matin. À d'autres moment, c'est merveilleux de voir la famille être aussi accommodante. Quoiqu'il en soit, le défis d'Henry est d'accepter que son frère ne risque pas de changer, et au fond on ne lui souhaite pas, tout en trouvant une manière d'être fier de lui et prendre sa place. Henry chemine dans ce roman, aussi court soit-il.
Je reconnais le style joyeux de Boulerice dans ce roman, son grand optimisme pour la vie et la célébration des différences. Un roman de 150 pages qui pourrait alimenter beaucoup de discutions, je le verrais bien dans les écoles, au second cycle primaire ( ou 8-10 ans). Un livre pertinent agréable à lire.