1995 - Etats-Unis. Le puzzle de vitesse, sport qui existe depuis des lustres, ayant connu son heure de gloire en pleine crise de 29, est devenu immensément populaire depuis la création d’un circuit professionnel et de compétitions internationales, retransmises sur les chaines de télévision aux heures de grande écoute.

«Entre mars et septembre de l’année 1995, cinq meurtres vinrent endeuiller le circuit professionnel américain de puzzle de vitesse. Le modus operandi était toujours le même : la victime, qui avait succombé à une injection massive de penthotal, était retrouvée amputée d’un membre, toujours différent. Sur son cadavre, l’assassin avait placé un morceau de cliché Polaroïd représentant le membre correspondant d’un autre homme.»

Dès l'incipit, l’énigme est posée. Le livre va maintenant se dérouler à la manière du "mystery puzzle", un genre de Cluedo puzzlique liant une intrigue policière et un puzzle qui permet de trouver la solution de l’intrigue, un genre de puzzle qu'on va rencontrer plus loin dans le livre.

Pendant 48 chapitres - les pièces du puzzle - Antoine Bello nous livre sous des formes très diverses (extraits de thèse, interviews, courriers, comptes-rendus de réunion, etc.) des morceaux de la solution de l’énigme, morceaux difficiles à assembler mais néanmoins palpitants tellement ces fragments et le monde qui gravite autour de ce qui est décrit comme "l’idéal puzzlique" semblent une illustration comique et désabusée des sociétés humaines, de leurs activités collectives, de leurs courants de pensées et du fonctionnement souvent risible ou grotesque de nos institutions, et tellement le fond et la forme de ce roman se mélangent comme les pièces du puzzle, laissant le lecteur fasciné et incertain quant à la forme finale que va prendre cette composition une fois achevée.

Si la fin ne nous donnait pas la clé de l’énigme, « Eloge de la pièce manquante » pourrait s’intituler le livre qui rend fou, une lecture au final prenante et drôle.

« L’avenir du puzzle appartient aux passionnés, indépendamment de leur culture, de leur race ou de leur religion et j’en arrive à mon deuxième motif de contentement, à ces trois nationalités représentées au sein du palmarès : France, Etats-Unis et Japon. La France d’abord, fer de lance de cette vieille Europe ou notre discipline prend ses racines, patrie des Dumarais, Léonceau, Jacquemard, pays de contradictions, qui, le premier, abolit les privilèges mais vend encore aujourd’hui des puzzles à 500 francs la pièce. Le Japon, ensuite, terre des samouraïs, qui a intégré les valeurs du confucianisme jusqu'à proclamer la supériorité du puzzle-collectivité sur les pièces-individus qui le composent. Notre pays, enfin, qui démontre une fois de plus sa capacité à vaincre dès lors qu’une place dans le Guinness des records est en jeu. »
MarianneL
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le 12 nov. 2012

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MarianneL

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