Enola Game fait référence à Enola Gay, l’avion qui a largué une bombe sur Hiroshima. C’est ainsi que l’héroïne de ce roman nomme cette catastrophe qui a bouleversé sa vie et celle de sa petite fille de quatre ans. Une catastrophe dont on ne connaitra pas la nature, nous savons juste que plusieurs détonations ont retenti et qu’à cause de ça, les habitants sont obligés de rester enfermés chez eux. La jeune mère et sa fille ne savent pas combien de temps cela va durer, ni ce qu’il va leur arriver. Chaque jour, une patrouille passe avec de la nourriture et de l’eau, mais elles n’osent pas aller les chercher, suite à l’interdiction de sortir. Alors elles attendent. La mère essaie de rassurer sa petite fille, elle lui raconte des histoires, lui promet que tout va s’arranger et que tout sera bientôt fini. Et elles espèrent que leurs provisions tiendront assez longtemps.
A cause de cette catastrophe, la jeune femme n’a subitement plus rien à faire, elle qui avait l’habitude d’être surchargée de travail. Elle peut enfin consacrer du temps à l’écriture, sa passion. Elle prend également le temps de réfléchir sur sa vie, elle se souvient des événements passés, elle se souvient de son père qui était toujours là pour elle, enfin, elle pense à sa plus grande fille, qui est restée avec son ex-mari et espère qu’ils vont bien tous les deux.
L’ambiance du roman est oppressante. Au fil des pages, l’angoisse est grandissante, à l’image de ce que vivent les personnages. Car au fil des jours, leurs provisions diminuent, il n’y a plus d’électricité et il y a de moins en moins de bois pour se chauffer. Elles ont froid et elles peur. Nous ressentons leur inquiétude, de se trouver ainsi dans l’ignorance la plus complète. Un jour, les patrouillent ne passent plus. Elles sont remplacées par d’autres personnes. Impossible de savoir si elles sont là pour aider ou non. La peur s’accroit et l’espoir diminue.
Malgré cette sombre atmosphère, l’histoire est racontée de façon très douce, presque poétique. Ce contraste peut être surprenant, mais cela rend la lecture plus « supportable ». C’est un roman qui se lit très facilement, l’histoire est divisée en petits chapitres et se lit d’une traite. Nous sommes vite pris par l’histoire, le suspense nous tient en haleine jusqu’au bout. Quand je parle de suspense, ce n’est pas le genre de suspense que l’on peut retrouver dans les romans policiers ou les thrillers. C’est différent.
Ce qui fait la force de ce roman, selon moi, c’est l’écriture de l’auteure. Son approche. Car le thème n’est pas spécialement original, il y a eu pas mal d’histoire post-apocalyptiques comme celle-ci. Mais sa manière de traiter cette catastrophe est très humaine finalement. Car ce roman est aussi une réflexion sur comment les gens gèrent une situation comme celle-là, comment peuvent-ils survivre sans bouger de chez eux ? C’est aussi, dans une moindre mesure, une réflexion sur notre société actuelle, une société marqué par la surconsommation. Les héroïnes doivent économiser leurs provisions pour rester en vie.
En bref, Enola Game est un roman poétique malgré le fait que le sujet traité soit dramatique. Je vous le conseille vraiment car il est très agréable à lire. Personnellement, je l’ai lu presque en une fois. Nous sommes vite pris par l’histoire et il est difficile de lâcher le livre une fois qu’on l’a commencé.