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L'accroche que j'avais trouvé pour Fièvre de lait (Comment devenir mère quand on n'en a jamais eu ?) pourrait tout à fait coller à ce récit. Car le début m'y a fait penser, dans ces errements, ces tâtonnements d'une jeune femme qui apprend à être mère. Il y a quelque chose de très olfactif dans ses premières expériences : l'enfant qu'on pose comme une miche chaude sur le corps de sa mère, ce côté animal, aussi. Mais tout ne se passe pas comme il faut. Car c'est aussi un récit sur plusieurs générations : celui d'Etta, la grand-mère et sa trop grande « nervosité », et de Cecilia, la mère si impassible. Leur relation pourrissante. Et quand Blythe accouche d'une petite fille, elle surcompense peut-être pour ne pas rejouer la même pièce. Sauf que…
T.Todorov définit le fantastique comme (et je reformule avec mes mots forcément plus maladroits) l'oscillation constante entre deux lectures d'un évènement étrange : la rationnelle et l'irrationnelle. Dans le Horla, le personnage est soit fou, soit possédé, et la peur réside dans cette hésitation. Et bien que le texte entre dans la case de « thriller » ou « huis clos familial », je le mettrais bien dans cette case, personnellement. Car on ne sait jamais totalement : Dépression post/partum, crise psychotique pour les mères ? Sociopathie pour Violet ? Et même le récit de Blythe peut être relu avec des pincettes. Quand elle raconte le désamour de sa mère, le désintérêt total, qui nous dit que celle-ci ne la voyait pas comme une menace (et pareillement pour Etta ?) de la même manière qu'elle perçoit sa fille. Dans ce sens, la fin est un chouïa décevante, car elle lève l'ambiguïté, mais là je pinaille.
Autre chose à noter : Beaucoup de symbolisme dans ce roman, comme justement dans les poèmes de Sylvia Plath que l'héroïne lit dans sa jeunesse. le tableau qu'elle achète dans une brocante et qu'elle accroche dans la chambre du petit Sam, ne représente-t-il pas cette figure de la mère que Blythe cherche tant à atteindre ? Tableau qu'on décroche quand l'impossible arrive, quand l'échec revient au centuple, comme un yoyo dans les dents. Et le fait qu'elle s'attache tant à son fils, qu'elle décrit son plus grand attachement à son père (comme sa fille, finalement), que le masculin l'emporte d'une manière si douce, si insidieuse, n'est-ce pas finalement expliquer (un tout petit peu !) l'inexplicable.
Seul petit bémol, l'écriture, parfois un peu trop classique (quelques expressions toutes faites (et oui, vous commencez à me connaître ! et aussi à certains passages, des constructions de phrases un peu rigides, figées (mais peut-être que Traduttore, traditore, qui sait?)
Pourtant, ça n'empêche pas un gros coup de coeur, comme quoi, le combat écriture/intrigue est parfois caduc.
Créée
le 22 juin 2021
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