Célestine a un peu grandi, ce n’est plus tout à fait la petite avec son doudou, et elle se pose des questions. Forcément, c’est une petite souris, et son père est un ours. Elle ne connaît pas son histoire, mais elle sait qu’il y a quelque chose, anguille sous roche, et ça n’est pas si facile que ça à demander. Lui sait tout, forcément ; il sait bien qu’elle va un jour le questionner. Mais ça n’est pas évident d’annoncer une forme d’adoption, surtout qu’il l’a recueillie dans une poubelle, que ses vrais parents n’ont pas eu le courage de la garder et qu’ils l’ont même jetée comme une malpropre…
De la nécessité de dire la vérité, mais pas n’importe comment, en la ménageant, en adoucissant au mieux la chose, en rassurant la petite, en n’insistant pas trop sur le geste des parents. De l’art de dire les choses progressivement : ce qui était en réalité une poubelle fut d’abord un panier puis un bac dans le discours d’Ernest. De la capacité à faire ressurgir le bonheur de cette rencontre plutôt qu’appuyer sur ce qui fait mal. Bref, dire les choses avec tact et sensibilité.
Techniquement, l’album est varié dans sa composition avec des dessins en page entière, d’autres avec une série de dessins, parfois dans des cases, toujours avec ce trait fin et des couleurs pastel qui caractérisent le travail de Gabrielle Vincent : des dessins sobres au service du récit.
On a là au final un album très émouvant, réussi sur la question de l’adoption (au sein d’une série dont les albums sont très inégaux). Le plus réussi de ceux que je viens de lire.