Connaissez vous l'histoire d'Érostrate, monsieur Pimpon ?
C'est ainsi que l'un des derniers protagonistes d'Érostrate for ever nous introduit à l'histoire du personnage qui donne son nom au livre.
Celle de cet homme banal, voire marginal, qui voulait absolument accéder à la postérité et qui a décidé alors d'incendier le temple d'Artémis, l'une des 7 merveilles du monde antique. Simplement pour que l'on se souvienne de lui.
Celle, plus ambigüe, de cet homme né sans rien, condamné à la naissance à une vie médiocre, et qui a cherché par tous les moyens à s'en extraire.
Dans ce recueil de nouvelles, qui n'en est pas vraiment un tant elles forment un tout, Aïssa Lacheb tisse le destin d'autres Érostrate, d'autres êtres dont la vie semble déterminée sans qu'ils aient les moyens de s'en arracher, d'autres individus victimes d'un mauvais choix ou de circonstances tragiques.
5 existences terribles, 5 plongeons dans la noirceur du monde, au cœur des drames familiaux et sociétaux.
Au milieu de ces murs de ténèbres, les acteurs de ces scènes sinistres apparaissent si lumineux dans leur impuissance, si beaux dans leur résistance que la fatalité n'en est que plus amère.
Aïssa Lacheb nous livre un texte au rythme précipité, dans lequel chaque phrase semble dévorer la précédente, nous entrainant dans une course vers l'avant, hâtant les dénouements qui nous paraissent, dès le début, irrésistibles. Sa plume à la force évocatrice rare, à l'exubérance poétique est le plus parfait instrument permettant l'identification et l'empathie.
Rarement ai-je trouvé des portraits plus touchants, des personnalités plus véritables que celles d'Érostrate for ever. Rarement ai-je autant vécu, souffert, enduré avec les protagonistes des histoires que je lis.
Érostrate for ever est un livre très dur, très violent, cru et funeste, mais c'est également une lecture que je ne peux qualifier que de compassionnelle. Elle touche au cœur et parle aux tripes, elle est d'un humanisme fou. Je ne connaissais pas Aïssa Lacheb, la poésie de son écriture m'a fauchée, la construction de son livre m'a dépassée, et sa fin dantesque fut un véritable soufflet.
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