le premier roman gay européen.
Publié en 1899, Escal-Vigor, fut le premier roman européen à traiter ouvertement l'homosexualité masculine d'un point de vue positif, ce qui entraînerait son auteur en justice. A cette époque, les relations sexuelles entre hommes étaient généralement considérées comme une perversion pathologique, alors quand Georges Eekhoud présenta ces deux héros qui non seulement n'avaient pas honte de leur homosexualité, mais qui la revendiquait avec audace, on peut d'imaginer l'impact social que cela pu causer en son temps.
Ce roman audacieux continue d'étonner aujourd'hui par la force de son postulat, sa profonde fraîcheur romantique et son style toujours agréable. L'environnement dans lequel enveloppe le lecteur est celui de la légende, puisque l'espace et le temps où se déroule l'intrigue est aussi mystérieux que le nom du château, car bien que l'on suppose qu'il se déroule au XIXe siècle, tout y évoque un temps légendaire, presque médiéval et mythique, avec ses nobles ses vassaux, ses châteaux, ses prêtres intransigeants et malfaisants, et ses méchants exécrables.
Une langue riche, charpentée, savoureuse, évocatrice, dense et sensuelle. Une oeuvre essentielle dans le parcours des luttes homosexuelles.
Ah, la beauté romantique des histoires d’amours contrariées… Certes elles finissent mal, en général. Mais quand c’est à cause de l’intolérance et de la bêtise des villageois, c’est plutôt une tragédie qu’elles ne puissent survivre à la haine. Car deux hommes qui s’aiment au 19e siècle, cela relève d’une « grave immoralité » (comme l’a appris à ses dépends Oscar Wilde…) Heureusement l’époque a changé ! Et je l'espère du moins durablement!