Et tout ce qui reste est pour toi par madamedub
Jeune chinois cynique et un peu oisif, le narrateur ère dans le Pékin des années 80. Rêvant de voyages et de femmes, il se retrouve à sympathiser avec le voleur de l'antenne de l'immeuble dont il était sensé assurer la sécurité. Un peu en profiteurs, les deux compères vont infiltrer les milieux artistiques, mais le narrateur n'en retire finalement qu'ennui et un vague sentiment de dégoût.
Inspiré par le souvenir d'un tour de Chine en vélo avec son meilleur ami Xi Yong, il se décide à partir seul au Tibet.Mais finalement, malgré la distance, le monde qui défile sous ses pieds garde la même senteur. Partout il ne rencontre que solitude, violence et quête du profit.De retour dans une Chine en pleine crise, au lendemain du 4 juin 1989, le narrateur se décide à rejoindre son ami Xi Yong.
Parti pour rejoindre une tante dans une Allemagne en plein bouleversement elle aussi.A eux deux, accompagnés d'un mystérieux ami suisse répondant au surnom de "Mort douce", ils découvrent l'Europe, mais également la différence et l'exclusion; les chinois semblent contraint pour réussir d'ouvrir un restaurant de cuisine asiatique. Mais ils découvrent aussi la très paradoxale indifférence qu'évoquent pourtant ces distinctions personnelles et culturelles. Lorsque par exemple le narrateur réalise avec une prostituée que celle-ci ne fais nul cas de qui il peut bien être..."Un coin où me cacher, un soupçon, ô juste un soupçon, de sentiment amoureux. Quelle sache que je n'étais pas un client ordinaire, je venais de Chine, j'étais chinois, merde! Ce n'était pas simplement ma chair, c'était mon âme, c'était ce fatras dans mes tripes qu'elle aurait dû bouleverser".Mais le narrateur et ses amis, où qu'ils aillent, dans n'importe quel coin de la planète, semble véhiculer cet odeur humaine, qui, dans un monde où l'on trompe sa solitude en payant une prostituée, condamne au mal de vivre quelque peu caractéristique d'un monde en pleine reconstruction après son effondrement.
Nos trois complices passent donc le mur de Berlin après avoir entonné "L' Internationale" et ne s'être finalement fait remarqué que de la police...A une époque où les modèles politiques et sociaux sont en souffrance, Xu Xing narre avec simplicité la difficulté des plus modestes à trouver une place dans un monde devenu à la fois trop étroit et paradoxalement trop froid..."depuis des millénaires nous grouillons, nous sommes trop vieux, décrépits, comment pourrions nous ne pas puer?"
Emma Breton