Europunk, la culture visuelle punk 1976-1980 par ludovico
Qu’est-ce qu’une expo sur le Punk vient faire sur CineFast ? Rien, en fait, je fais ce que je veux.
Le mouvement punk n’a certes pas amené grand-chose au cinéma, car quoi qu’on dise, le 7ème art est avant tout l’art du compromis. Il faut négocier avec les puissants – Jack Warner ou le CNC – pour faire son film. Il ne suffit pas de prendre une guitare ou un pinceau pour exprimer sa frustration adolescente.
Le Punk, qui érigea le do-it-yourself en modus operandi, dynamita, dans le même mouvement le rock sur ses bases : si tout le monde pouvait monter un groupe, s’il suffisait d’être provocateur à la télé pour vendre des disques, what’s the point? Les leçons situationnistes du manager des Pistols, Malcolm McLaren, ont détruit pour toujours le concept de provocation rock’n’roll, en montrant qu’elle n’était qu’une stratégie marketing. Certes, McLaren réécrivait l’histoire en se donnant le beau rôle, mais le rock ne s’en est pas remis.
Depuis, d’ailleurs, il est mourant.
C’est tout l’intérêt de la formidable exposition Euro Punk qui ouvre aujourd’hui dans la toute aussi formidable Cité de la Musique. Contrairement à la dernière exposition Dylan, Euro Punk déborde d’objets du culte à admirer, de documents à visionner, et de musique à écouter : affiches, disques, costumes de scène, fanzines, interviews et concerts vidéo ; il faudra plusieurs visites pour en exploiter le contenu.
Et pour ceux qui sont nés dans les années soixante, un incontournable lieu de nostalgie adolescente : ce quarante-cinq tours de God Save The Queen, nous l’avions volé au Prisunic de Trouville, ce pressage original de Unknown Pleasures, nous l’avions bêtement ignoré à l’époque, ces numéros de Libé illustrés par Bazooka, nous les avons bêtement jetés.
Au sous-sol, une expo photo propose un génial contre-point : la France de Giscard, la Vraie France de 1976, peuplée de mamans à grosse lunettes, de militants UDF, et d’adolescentes boutonneuses mangeant des glaces à la Foire du Trône.
A ce moment-là, nous avons eu, un court instant, le sentiment de faire partie de l’avant garde.