Tristan Garcia est vraisemblablement la plus belle découverte littéraire de ces dernières années. En 2008, alors qu’il n’a que 27 ans, il sort « La Meilleure part des hommes », sorte de radiographie du milieu homo et militant des eighties à l’arrivée du sida. Alors que, compte-tenu de son âge, il ne pouvait avoir de souvenirs de cette période, il a pourtant réalisé l’exploit de signer le roman de référence de ces années noires où hystérie joyeuse, défiance, désespoir et manipulation régnaient en maître.
Avec « Faber le destructeur », il nous offre un roman tout aussi redoutable. Comme pour « La meilleure part des hommes », il s’appuie sur un trio ; Faber au charisme incandescent, Basile le « lunetteux » couard mal à l’aise dans la vie et Madeleine, mi fille mi gamin. Basile et Madeleine tout à la dévotion de Faber vont connaître à ses côtés bien des splendeurs et bien des misères… Mais il serait dommage de dévoiler ne serait-ce qu’une once de la trame de cette histoire hallucinante et passionnante à découvrir.
Garcia signe ici une œuvre admirable, son constat de la génération des trentenaires est sans appel, et s’éloigne, par exemple, de la vision cinématographique d’un Cédric Klapisch (la série « L’auberge espagnole »), quoique jubilatoire reste tout de même très parisianiste. Garcia lui, plante son décor au cœur de la province où les années s’écoulent sans relief. C’est ce qui fait de Faber cette figure emblématique, son aura illumine la ville, les vies… mais à quel prix ?
De la trame de ce récit se dégage toute la symbolique sur le sens profond de l’existence. C’est ce qui en fait sa force, sa substance. Le besoin de reconnaissance et de plaire à l’autre, qui travaillent chacun de nous au point d’user d’artifices, de duperie. Les parcours de ses protagonistes en sont le reflet, transformant des enfants plein d’illusions et de rêves en adultes individualistes, féroces et aigris.
« Faber le destructeur », tout comme en son temps « La meilleure part des hommes » d’ailleurs, dépasse les frontières du simple roman et se place d'ores et déjà parmi les chefs d’œuvres de cette décennie.
Fritz_Langueur
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le 11 sept. 2014

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