Etant étudiant en droit, j'ai apprécié lire ce roman pour les connaissances qu'il apporte sur le déroulement d'un procès et plus particulièrement sur ce qui se passe dans la salle des délibérés, la façon dont un jury procède à la détermination du verdict et de la sentence, etc...
Mais en même temps, j'ai été surpris, peut-être même dégoûté voire révolté par la manière dont les jurés procèdent et raisonnent dans les débats. L'auteur ne nous présente une justice objective que par le biais des magistrats, jurés professionnels, tandis que les débats des autres jurés ne plaident qu'en faveur de la suppression du jury populaire, tant l'empathie pour l'une ou l'autre des parties se substitue à la raison et l'objectivité dont ils sont censés faire preuve. Dans la salle des délibérés, ce n'est pas la loi mais l'émotion qui sert de référence.
Le livre fait donc l'apologie de la vengeance, que l'auteur accepte et légitime sous certaines conditions par le biais des différents personnages.
Finalement, bien que Femmes en colère présente des similarités avec 12 hommes en colère, le film et le livre sont complétement opposés, puisque dans le premier, c'est la raison qui pousse les jurés, un par un, à douter et finalement à acquitter l'accusé, alors que dans le second, c'est l'empathie que les femmes ont pour la femme, et les hommes pour les hommes (magistrats exclus), qui les retranche dans leurs positions respectives.
Et cerise sur le gâteau, dans l'acte final du roman, une femme invente l'histoire d'un viol qu'elle aurait subi, et qui aurait ruiné sa vie, et ramène tout le monde dans son camp simplement par l'utilisation d'un mensonge, qui loin de servir la cause que l'auteur défend, donne un argument de plus aux femmes qui se déclarent victimes de viol de ne pas être crues. Une manœuvre très maladroite donc, qui renforce l'idée que la Justice peut se passer de jurés populaires.
Le livre s'achève sur une réplique misandre, probablement applaudie par un grand nombre de lecteurs, alors même qu'elle aurait sans aucun doute été qualifiée de sexiste et aurait fait l'objet de nombreuses critiques si elle avait été tournée vers l'autre sexe.
Femmes en colère est donc un outil de plus en faveur du retour, non pas à la loi du Talion, mais pire encore, à une pseudo-justice qui prône l'escalade de la violence, la "justice" par la vengeance démesurée et la justice par soi-même, sous prétexte d'une injustice sociétale. En résumé, selon l'auteur, c’est l'injustice qui rendra la société plus juste. Permettez-moi d’en douter.
Par conséquent, les seuls arguments en faveur d'une note moyenne, de mon point de vue, sont les connaissances apportées sur le fonctionnement de la justice actuelle contre laquelle, paradoxalement, le livre lutte, et l'originalité de l'alternance entre le point de vue de l'accusée et les débats ayant lieu dans la salle des délibérés.
Les commentaires sont ouverts, et je serai ravi de pouvoir avoir d’autres points de vue, car j’imagine qu’il y en a.