Bon, ce roman cristallise chez moi un sentiment qui se précisait depuis déjà un moment : il y a trop de gens dans le monde de l'écriture qui se disent : "tiens, si je faisais un roman un peu fantasque / imaginaire ?" et qui partent un peu la fleur au fusil, en ayant aucune idée de ce qui s'écrit précisément dans les littératures de l'Imaginaire et nous proposent donc des titres ou pas originaux, ou trop datés dans leur forme.
Ce roman appartient à la deuxième catégorie, et je vais entrer dans le détail (un peu).
Le postulat de départ du roman est pourtant prometteur : plusieurs pages du journal que Charles Darwin a tenu lors de son célèbre voyage sur le Beagle auraient été volontairement gardés secrets, et le présent livre se propose de nous en livrer le contenu.
Malheureusement, Denis Silvestre veut trop bien faire. À vouloir à tout prix écrire à l'ancienne, son écriture finit par en devenir vieille et j'ai réellement eu l'impression d'être face à un roman publié au tout début du XXe siècle. Or, quand ça sert le propos, pourquoi pas, mais là on sent bien que ce n'est pas l'idée initiale de l'auteur, bien plus intéressé par des considérations philosophiques autour de l'évolution des espèces et la vulgarisation scientifique.
Sauf qu'avec cette écriture surannée, ça ne prend à aucun moment. Je me suis ennuyé et ait même perdu le fil plusieurs fois. Et on rejoint là ma critique initiale : la méconnaissance de ce qui s'écrit dans le genre.
Denis Silvestre choisit un univers fantasmagorique, bien plus que fantastique pour structurer son récit, et c'est ce qui, précisément le rend abscons. J'espère me tromper, mais je pense qu'il n'a lu aucun des auteur.ices actuel.les qui donnent à réfléchir sur la science (et parfois même sur des notions bien salées) : des Peter Watts, Kim Stanley Robinson, Marie Brennan ou même Greg Egan (pourtant bien ardu à suivre) réussissent mieux l'alchimie roman/vulgarisation.
À ce titre d'ailleurs, les romans de Marie Brennan, qui dépeignent une naturaliste qui étudie les dragons (dans un monde typé fantasy victorienne) réussissent bien mieux à faire passer des notions de biologie / théorie de l'évolution que ce roman.
Déception donc. Le titre me laissait augurer un récit de voyage entraînant, et je suis resté en cale sèche.