Retour dans le Vieux Royaume pour Jean-Philippe Jaworski avec ce recueil de nouvelles en cinq textes.
Selon un principe éprouvé maintenant depuis l'excellent recueil : Janua Vera, chaque récit est l'occasion de découvrir une facette, un peu de l'histoire ou de la société de ce Vieux Royaume. Comme son illustre aîné, cet ouvrage butine de ci de là, passant d'un peuple ou d'une classe sociale à l'autre. Un léger fil rouge toutefois, les cinq textes se situent tous au court d'une guerre civile déchirant le Vieux Royaume.
En ouverture, un texte dans la veine de ceux qui ont fait le succès de Jaworski, avec une nouvelle histoire de tueur à gages située à Ciudalia. On y retrouve la verve argotique et gouailleuse caractéristique des personnages de la riante cité de Ciudalia, ainsi que son joyeux panier de crabes sénatorial, le tout sur fond de vieille légende elfique.
Le deuxième texte, est consacré à l'histoire d'un ménestrel elfe en voyage sur la terre des Hommes, qui se retrouve sur les routes du Vieux Royaume alors que celui-ci est en pleine guerre civile. Le texte le moins réussi du volume à mon goût (qui vaut ce qui vaut, mais j'ai tendance à être d'accord avec lui).
Le troisième se focalise sur les mésaventures d'un chiffonnier accusé par un tribunal religieux de détrousser les cadavres sur les champs de bataille. L'ambiance du texte repose essentiellement sur la verve de l'accusé qui tente de sauver sa peau non sans panache quand on pense à la gravité de la peine encourue.
Le quatrième texte ravira sans aucun doute les amis des nains, avec le premier texte inscrit dans l'univers du Vieux Royaume qui leur soit consacré. La nouvelle est très prenante, avec de la tension, de l'action et un petit mystère par là-dessus. Les nains sont d'inspiration saxonne, ce qui nous change de leur représentation classique, et les teinte d'un côté semi-barbare assez sympa. Ils sont évidemment rustauds et dur au mal, mais bon, qui ça va surprendre ?
Le dernier texte met à nouveau en scène des elfes, même si le personnage principal n'en est pas un. Il met en scène le combat d'une enchanteresse avec une créature ténébreuse plutôt inquiétante. Leur lutte s'inscrit encore une fois dans le cadre de la guerre civile du Vieux Royaume et laisse augurer le pire quant à la nature du culte du Dévoreur et de ses serviteurs appelés les prêtres du Desséché (rien que les noms déjà, on sent les bons gars).
Bien que le Dévoreur soit mentionné à plusieurs reprise dans le recueil, peu d'informations filtrent réellement sur ce sombre personnage et nul doute qu'il faudra attendre d'autres textes pour en apprendre plus.
Bilan : un recueil plaisant, à l'écriture toujours aussi juste et immersive, mais un ton en-dessous de Janua Vera.