Vous ne voudrez pas vous en rappeler
Dans le genre " le guide du parfait républicain", ce bouquin se pose là.
Autour d'une intrigue-enquête qui en vaut une autre, Simmons peint effectivement avec force détails la terrible vision d'un monde plongé dans les ténèbres par les démocrates, ces chiffes molles naïves et effeminées. On a déjà résumé les grandes lignes du tableau, je me contenterais donc d'en rajouter un peu... Outre la vision quelque peu paranoïaco-raciste du reste du monde, notamment des musulmans, qui, nous le savons, sont tous sans exceptions des islamistes terroristes en puissance, Simmons s'en prend violemment à des thèmes comme les aides sociales ( ça ne fait que partager la misère, d'après un personnage ) l'écologie ( la preuve que le réchauffement climatique, c'est du pipeau : en 2035, il ne fait pas très beau ) ou la diplomatie ( les élites gauchistes font rien qu'à s'incliner devant les méchants arabes et à tout leur passer ). Ce dernier point est sans doute le plus énormes, tant Dan Simmons présente une Amérique qui fait de la lèche à ses anciens ennemis. Le 11 septembre est par exemple considéré comme une fête nationale. C'est tellement gros qu'on y croit pas une seconde, et on se demande si qui que ce soit est prêt à avaler ça, de même qu'un califat musulman unifié ( parceque l'Islam est une religion très simple qui est pareil partout, vous ne saviez pas ? ) qui diffuse des éxecutions publiques sur Al-Jazeera H 24. Mais de toutes façon, la dénonciation subtile n'est pas vraiment le fort de ce bouquin. Pour s'en convaincre, lire la présentation de la république de Boulder, cité état dirigée par des hippies qui, à force de démagogie idéaliste, se sont fait envahir par les pauvres et les étrangers. On se croirait dans l'Epée de Vérité, quand Goodkind parodie le communisme avec subtilité
Les personnages sont des têtes à claques, mais c'était sans doute l'objectif voulu. Le style est plus pauvre que ce que j'ai pu lire ailleurs chez Simmons, mais ça reste tout à fait correct, et la lecture demeure prenante. Mais surtout, on peut arriver à vouloir continuer ce bouquin justement pour cette dénonciation infantile du socialisme, qui finit par en devenir amusante. Pour moi, en tout cas. Je serais arabe, je ne crois pas que ça m'aurait autant fait sourire, notamment lors du passage ou le bon Simmons explique que plutôt qu'avoir laissé les musulmans atomiser Israël, les Etats Unis auraient dû vitrifier Téhéran, Le Caire et Damas, au cas où, et les juifs auraient eux même dû riposter à l'arme nucléaire, ne serait ce que pour se venger. Le summum est atteint à la fin, lorsque ( attention Spoiler ) Le Texas et les gentils Japonais ( les méchants ont été arrêtés par on ne sait trop qui ) partent main dans la main reconquérir l'Amérique et détruire l'Islam. Pas l'islamisme ou les islamistes. L'islam, carrément. Vaste et inquiétant programme.
Enfin bref. Je m'étais toujours demandé pourquoi la plupart des auteurs de SF transmettaient des valeurs plutôt humanistes et tolérantes, et pourquoi si peu utilisaient ce biais pour vanter des idées plus... dures. Je crois que j'ai un fragment de réponse avec cet ouvrage : parceque ces idées ne pourraient être étayer qu'avec des fantasmes grossiers et racoleurs. En tout cas, c'est tout ce qu'on trouve dans ce livre.