Magnifique, plein de scansion, de lyrisme et d’émotion. Une histoire des temps héroïques de la chose vélocipédique, une galerie de portraits dans le sens de Marcel Schwob et Pierre Michon. On retrouve Alfred Jarry juché sur sa Clément luxe, le spectral, maigre, blanc Anquetil (un hérétique en maillot de soie), le suicidé Ocaña (que l’on pleure encore), Lucien Aimar le roi de la descente (qui pleurait dans les descentes) l’infernal duo Coppi, Bartali,les grimpeurs de poche Robic et Gaul, les frères Pélissier, les frères De Vlaeckmink (portrait beau à pleurer), Bien évidemment, cette synarchie aux mollets lustrés est d’un autre temps, celui où le cyclisme n’était pas encore devenu une farce, un artefact à la mesure d’un monde faussé par la pollution, la génétique et le bio-pouvoir.