Il n'y a pas encore de biographie incontournable de Frank Zappa, en France du moins. Chacune a ses défauts et ses qualités. La meilleure à ce jour est celle de Christophe Delbrouck en 3 volumes qui est la plus complète mais qui pèche par les traductions des textes de Zappa. Celles de Guy Darol me semblent meilleures.
Si la biographie rédigée par Guy Darol résume bien le parcours du Grand Wazoo, elle pèche par contre par des erreurs de dates, des énormités (dire qu'étant copain avec FZ, John Lennon a approuvé la reprise de "Strawberry Fields Forever" de 1988 est très hardi concernant un cadavre de 8 ans d'âge mûri en caveau de chêne) et surtout une cuistrerie tentant de faire passer les délires verbaux du Père des Mothers pour de la Haute Philosophie en les noyant dans un verbiage indigeste.
Frank Zappa n'a pas besoin de ce type d'hommage.
Avant toute autre chose, Zappa était un musicien génial, tour à tour compositeur, guitariste, chef d'orchestre, fils putatif d'Ellington ou Mingus mais aussi de Varese, Stravinsky, Johnny "Guitar" Watson, Dolphy et du Doo-Wop !
Idéologiquement, s'il semblait iconoclaste par ses positions ironiques contre le rêve hippie et son soutien absolu à la liberté d'expression, il se définissait lui-même comme un "conservateur pragmatique" et son libertarisme était au final tout à fait conforme à un rêve américain clairement assumé et conséquent. Il approuvait la doxa américaine, se contentant de souligner les contradictions et les hypocrisies de ceux qui prétendaient parler au nom des valeurs américaines.
Si vous voulez découvrir Zappa, vous pouvez tenter cette lecture imparfaite, puis continuer par la somme de Christophe Delbrouck et tenter une improbable synthèse en n'oubliant pas de privilégier l'oeuvre foisonnante, complexe et passionnante du moustachu à la mouche.